Au cours de l’année 2022, 2.269 personnes ont introduit une demande de protection internationale au Luxembourg. A l’université, des solutions sont mises en place pour eux. Immersion au sein du programme d’inclusion des étudiants réfugiés. 

Sur le campus de Belval, au Luxembourg, la Maison du Savoir regorge d’initiatives. En passant la porte du bâtiment cruciforme, il est possible d’emprunter un ascenseur dernier cri. Direction le 3ème étage. Parmi la multitude de salles longeant le couloir, une se démarque. En sortent des bribes de conversation en français, en anglais et même en arabe. Numérotée 3200, cette salle est occupée par une dizaine de personnes. Une silhouette se détache de la masse. Un “garçon grand ducal” tout de bleu vêtu, non sans rappeler les couleurs du pays. Jimmy Corneille, de son nom, est “inclusion specialist”. C’est lui qui organise la séance de soutien du jour. L’objectif est d’informer et d’aider les étudiants réfugiés à s’inscrire.

-My colleague will help you and I will help your friend. What languages do you speak?
-I speak english, but my friend is less fluent so I will stay to help him.” ¹

Mohammad et Habib sont deux amis. Le premier apprend le français et aimerait pouvoir continuer sur sa lancée. Ils sont venus se renseigner sur les cursus possibles. “Do you have football? We would like to practice this sport” ², demande l’un des deux compères à Jimmy Corneille. Sur leurs écrans, la page d’inscription à l’université est ouverte. Un étudiant volontaire les aide à remplir leurs informations.

Une équipe spécialisée en inclusion

Les jeunes présents ont des histoires différentes. Certains ont quitté leur pays avec leurs proches, d’autres sont venus seuls. Tous sont aujourd’hui demandeurs de protection internationale. En attendant leur régularisation, ils sont inscrits en tant qu’étudiants auditeurs libres. “Ils peuvent suivre les cours, mais ne peuvent pas passer les examens”, précise l’inclusion specialist.

La séance de soutien a lieu un vendredi sur deux. Elle fait partie de la liste d’initiatives que l’Université de Luxembourg met en place pour l’accueil des étudiants étrangers. Un service est dédié à leur inclusion. Il leur garantit un support financier et psychologique. “L’aide financière est liée au ministère des études supérieures, c’est une aide aux pays tiers dont les fonds viennent de donateurs privés et de bourses” explique Jimmy Corneille.

D’ailleurs, ce dernier fait partie de l’équipe “Inclusion and Mental Health” de l’université. Il est formé en coaching et en connaissance des réfugiés. C’est lui qui développe l’impact de l’inclusion au sein de l’établissement grand-ducal. Il est également président de l’association SINGA Luxembourg. “On crée du community building. C’est-à-dire qu’on met en lien des réfugiés avec des structures locales. Ce peut être avec des activités sportives, des sorties culturelles ou encore des ateliers sur la recherche d’emploi.” Une double casquette bien utile. D’autant plus que la séance du jour est en partenariat avec l’association.

Une approche différente de la France

Si l’approche luxembourgeoise est différente de l’approche française, c’est pour une raison toute simple. Le Grand-Duché ne compte qu’une seule université, divisée en trois campus. Ses décisions sont nationales. En France, les universités sont nombreuses et fonctionnent individuellement. Les tentatives d’inclusion des étudiants réfugiés sont alors différentes d’un établissement à l’autre.

A l’Université de Lorraine, voisine du Luxembourg, il n’y a pas d’équipe spécialisée et formée pour l’inclusion des réfugiés. Néanmoins, l’établissement lorrain fait partie des 19 établissements à proposer un diplôme universitaire spécifique aux étudiants réfugiés, le DU « Passerelle – Étudiants en exil ». Il donne accès aux bourses d’études françaises. Son objectif est “de faciliter l’insertion académique des personnes en exil en leur permettant de lever les obstacles administratifs, linguistiques et sociaux à l’inscription dans un établissement de l’enseignement supérieur.”

Le voisin de l’Hexagone semble avoir une longueur d’avance en matière d’inclusion. Toutefois, il n’est pas exempt de défauts. “Le Luxembourg n’est bon seulement parce qu’il respecte les quotas, contrairement à d’autres pays comme la France”, déplore Jimmy Corneille.

Un reportage par Camille Vari et Simon Iung.

¹ Mon collègue va vous aider et j’aiderai votre ami. Quelles langues parlez-vous ? | Je parle anglais, mais mon ami est moins bon donc je vais rester pour l’aider.

² Proposez-vous du football ? On aimerait pratiquer ce sport.