De la petite France strasbourgeoise à la demeure des ducs de Lorraine de Lunéville, Laurence Demaison fait escale à Metz. Jeudi 5 octobre avait lieu le vernissage de sa dernière exposition « Inspire, expire, respire » situé à l’Arsenal de Metz. C’est par le biais de cette exposition, que l’artiste retrace avec nous tout son chemin parcouru.

D’une voix douce, assise sur son flanc droit, Laurence Demaison, photographe de 58 ans, revient sur son passé, en nous accueillant devant son exposition.J’ai des valises très lourdes” sont les premiers mots exprimés par l’artiste, pour qualifier son enfance. Ayant grandi à Brumath, petite ville du nord de l’Alsace, elle qualifie son environnement de “dysfonctionnel”. Elle y reste jusqu’à ses 15 ans, pour ensuite déménager à Strasbourg. Ses œuvres, percutantes, sont le reflet de la “lourdeur” de sa vie (chose sur laquelle la photographe ne souhaite pas s’épancher). C’est par les activités manuelles, qu’elle se découvre une attirance pour les corps féminins. Avec des à priori sur les écoles d’arts, cette dernière se tourne vers l’architecture. N’étant pas attirée, elle quitte la filière en 4ème année pour se trouver un travail “alimentaire” comme vendeuse de meubles (travail qu’elle exerce pendant 10 ans). C’était pas du tout ma tasse de thé, mais fallait bouffer”, raconte Laurence Demaison, de manière crue.

Une révélation tombée du ciel

C’est en feuilletant un magazine, comprenant le portfolio d’une photographe, que Laurence a une révélation. “Bah oui, bien sûr, c’est ça la photo !”, exprime l’artiste de vive voix. À 25 ans, elle se met donc en quête de matériel et de livres, pour en apprendre plus sur ce nouveau milieu. Après un an d’apprentissage, elle commence à travailler sur plusieurs modèles. Cependant, Laurence rencontre un problème : elle n’arrive pas à mettre en mot les images qu’elle a à l’esprit. Trois années de travail plus tard, l’artiste cherche un nouveau sujet. “Dieu sait pourquoi, j’ai eu envie de photographier des sexes féminins”, confie-t-elle en esquissant un sourire. Aucun modèle n’étant emballé par le sujet, germe ainsi une idée : se photographier.

Autoportrait, le début d’une carrière

Pour la photographe, l’autoportrait est finalement la solution. Jouissant d’une disponibilité permanente du sujet, Laurence pâlisse en même temps son problème d’image. Pour autant, être à la fois artiste et modèle n’est pas mince affaire. Mais une plus grosse difficulté, enfoui est présente :  elle a un rapport de détestation totale avec son corps. Pour mieux défier ce mal-être, Laurence se met à déformer, camoufler et même transformer son sujet, pour commencer ses premières expositions en 1993. Toujours orné de symbolique, ses clichés sont exposés dans plusieurs endroits jusqu’à devenir lauréate du prix HSBC, soutenant les travaux de photographes professionnels peu connus, en 2002. Grâce à ce titre, l’artiste commence à avoir une renommée. Tokyo, New York, Séoul, Paris, Buenos Aires, les quatre coins du monde se disputent ses expositions. Elle continue donc ses clichés d’autoportraits jusqu’en 2010, où elle utilise poupées et mannequins comme sujet. “J’ai commencé à m’éclater, je voyais enfin l’objectif !”, révèle cette dernière toute enjouée. Elle continue donc ses clichés en produisant de nombreuses expositions. Mais au cours de l’année 2017, Laurence laisse de côté l’appareil photo pour se reposer de ses 24 années de travail. 

Une exposition témoignant de son passé

Sept années de pause plus tard, Laurence Demaison revient avec une toute nouvelle exposition, retraçant toutes ces années passées. Appelé “Inspire, expire, respire”, en résumé de son chemin parcouru, cette exposition est présente à l’Arsenal de Metz du 5 octobre au 31 décembre 2023. Cette nouvelle exposition est l’occasion pour elle de rattraper le temps perdu et de tourner une nouvelle page de son histoire. “J’ai quitté Strasbourg pour Lunéville le 5 octobre 2020 et l’exposition sort le 5 octobre 2023. C’est une sorte de beau message”, conclut Laurence Demaison, les yeux enclin vers l’avenir.

Marie Luthringer & Bastien Baehr