« Egalité, diversité, inclusion», telle est la devise de la cellule EDI. Elle a vu le jour en septembre 2021 à l’UFR Sciences Humaines et Sociales de Metz (SHS). La cellule se concentre sur trois principales missions : sensibiliser, informer et lutter contre les discriminations. Ils sont une dizaine d’étudiants à travailler main dans la main avec Sabrina Sinigaglia-Amadio, maîtresse de conférence en Sociologie à l’Université de Lorraine et coordinatrice de l’EDI.

Tout commence en 2014, lorsque plusieurs professeurs travaillant au sein de l’établissement des Sciences Humaines et Sociales estiment qu’il est nécessaire de créer l’espace appelé dans un premier temps DADIE (Diversité, Anti-Discrimination, Inclusion et Egalité). Il existait un dispositif central mais il ne pouvait pas agir dans tous les UFR. L’idée était de développer une action locale propre au département SHS et qui soit mobilisée contre toutes les formes de discrimination et de violence sexuelle et sexiste. Dès le départ, cette aventure est collective. Chercheurs, enseignants, personnel administratif et étudiants sollicités réfléchissent ensemble pour lancer l’EDI en 2021. « Nous avons organisé plusieurs réunions de travail entre nous pour décider des premières actions à mettre en place. La cellule s’est montée avec une quinzaine de personnes», explique Sabrina Sinigaglia-Amadio. 

Faire des questions d’égalité et d’inclusion une priorité

Dans la cellule EDI, des étudiants aux profils variés s’unissent autour d’un objectif commun : faire progresser la cause et offrir leur aide de différentes manières. Toutes les deux semaines, les membres de l’EDI se réunissent sur Teams pour faire un point et organiser des événements. Parmi les étudiants, certains sont à l’initiative de projets concrets. Yohann, étudiant en L2 Information-Communication, est déjà un vétéran de l’engagement en faveur de la lutte contre les discriminations. « Mon objectif était de poursuivre mon engagement lycéen en tant qu’ambassadeur contre le harcèlement », déclare l’étudiant en communication. Yohann est en pleine préparation d’un projet : un concours culturel. L’objectif ? Que chacun puisse exprimer à sa façon : en musique, en affiche, en dessin : quelque chose qui va à l’encontre des discriminations. 

Lison, qui poursuit actuellement son master 2 psychologie sociale et des organisations, joue un rôle essentiel en tant que membre-fondateur de la cellule. Avec le soutien inestimable de Sabrina Sinigalia-Amadio, elle s’efforce d’initier des projets et des actions visant à faire progresser la mission de cette cellule. La future psychologue a initié avec succès l’organisation d’une soirée sur la transidentité, en collaboration avec l’association Couleurs Gaies, à l’occasion de la Journée Mondiale du Souvenir Trans en novembre 2022. « À la suite de cet événement, certaines personnes m’ont fait part de leur prise de conscience concernant des comportements ou pensées inappropriés, et de leur intention de progresser dans ce sens. Nous nous efforçons d’éduquer et de sensibiliser les individus à des causes essentielles », déclare Lison. L’étudiante en master 2, a également supervisé une conférence sur les discriminations liées aux tatouages, en mars 2023, mettant en avant leur impact sur l’accès à l’emploi et au logement. 

Lina, étudiante en deuxième année de psychologie, a rejoint les rangs de la cellule l’année dernière. Motivée par sa sensibilité personnelle envers les questions d’égalité et d’inclusion : « Intégrer la cellule, était pour moi l’occasion d’apporter un petit coup de pouce, de proposer ma touche personnelle », déclare-t-elle. 

Faire entendre sa voix en tant qu’étudiant engagé : le parcours du combattant 

Mais l’engagement étudiant n’est pas un long fleuve tranquille. Lison a pu en témoigner la première année où elle a fait des interventions dans les amphithéâtres. « Quand on intervient dans les classes, on y va par binôme étudiant ou seul. Je ne suis pas traitée de la même manière qu’un prof. Lorsque c’est Sabrina qui parle, les élèves ou les enseignants ne vont pas la contredire. Alors que moi, je suis étudiante et je ne suis pas traitée de la même manière. J’ai déjà eu quelques détracteurs », raconte-t-elle. L’étudiante en deuxième année de psychologie nous a donné un exemple concret. « Récemment, dans une promo, il y a un prof qui m’a laissé intervenir. Lorsque j’avais terminé de parler, il m’a dit que mes histoires de discriminations n’étaient pas si importantes que ça. Le vrai problème, c’était la lutte des classes. Il ne faut pas opposer ces deux problèmes, qui s’additionnent. Certes, quand tu es pauvre à la fac, t’es dans la merde. Mais si en plus de ça, tu es trans et racisé, bah là t’as le jackpot », affirme celle-ci. 

L’engagement au sein de la cellule EDI c’est aussi respecter le choix de certaines personnes de ne pas se faire aider. « Une personne est venue me voir quand on avait nos tracts dans l’UFR pour se faire connaître, elle m’a raconté une histoire dont elle était victime et m’a dit “Je ne veux rien faire” . Alors je lui ai demandé “Tu veux qu’on se revoit avec d’autres gens de la cellule pour voir ce qu’on peut faire ?” Et elle m’a répondu “non, je voulais juste en parler” et elle est partie. Donc je lui ai dit “Ok, j’espère que je t’ai aidé” », confie Lison.

«Pour l’instant, il n’y a pas tant de monde que ça à nos événements. Il faut surtout mettre en place des actions de recrutement de nouveaux étudiants. Mais avec le temps, la cellule va prendre en ampleur», explique Lison.  D’autres initiatives sont en cours de réflexion comme «les luttes contre la grossophobie, l’antisémitisme et le racisme», qui seront mises en place cette année. 

Marie Luthringer & Sandra Lochon