Cinq écrivains et journalistes se sont réunis pour discuter de la France d’aujourd’hui et de demain à l’occasion du festival Livre à Metz, le 11 avril dernier à l’Arsenal. Leur vision est plutôt pessimiste.

Bataille de France ou bataille des France ? Si Jean Rolin narre dans son roman « Les Événements » une France ravagée par une guerre civile destructrice, Florence Aubenas, grande reporter pour le journal Le Monde, décrit les combats réels et quotidiens des Français. « Avant, on se battait pour faire mieux que ses parents, on rêvait de cours de solfège ou d’une baignoire. La bataille d’aujourd’hui c’est de sortir les baignoires, car elles consomment trop d’eau. », explique-t-elle au public de l’Arsenal.

Céline Coulon, jeune auteure de « Le Cœur du Pélican », ressent nettement le clivage entre sa génération et celle de ses aînés. « Depuis tout petits, on nous demande notre lieu de naissance, la profession de nos parents… C’est comme si on devait toujours se battre contre sa naissance ! » s’insurge-t-elle. À la génération Y, maintes fois prévenue de son avenir incertain, elle donne un exemple de réussite. À peine âgée de 24 ans, elle possède deux prix littéraires et sept romans publiés, à son actif.

L’écrivaine prometteuse n’oublie pas d’autres fractures présentes au sein de la société française : celle qui sépare la classe aisée de la classe populaire, la frontière invisible entre habitants des villes et population rurale. « Écrire un livre qui se passe à la campagne ça fait mauvais genre » constate-t-elle. Philippe Lefait, journaliste, animateur de la table ronde, explique le sentiment de déclassement de certains citoyens : « Ces personnes aspirent à quelque chose, mais la société leur refuse. ».

Au fil du débat, les éléments d’une hypothétique guerre civile semblent s’emboîter les uns avec les autres. Florence Aubenas revient sur la montée du FN et de la défiance des Français pour les institutions. « Mon livre n’est pas prophétique ! » assure Jean Rolin, même s’il s’étonne de ne pas avoir subi de polémique. Les invités continuent les échanges avec des témoignages plus intimes sur la pitié ou la peur qu’ils ont pu éprouver au cours de leurs vies respectives.