Mercredi soir, l’équipe de France a obtenu son billet pour la prochaine Coupe du Monde de football. Dominée, elle ne doit son salut qu’à un but entaché d’une énorme faute de main de Thierry Henry. Depuis, la polémique ne désenfle pas.

Faute de main, au pied du mur

La France est qualifiée, certes, mais ce match continue de laisser un goût amer dans la bouche de certains de ses supporters. Mais la majorité d’entre eux n’a pas la dent dure envers ses protégés, ne préférant retenir que le résultat. Au pied du mur, les Bleus sont parvenus à forcer la main du destin. Quitte à faire un petit pied-de-nez à la morale et à l’éthique, voire un gros doigt d’honneur au fair-play et aux Irlandais.

Mercredi, les Français ont semblé pénétrer sur le terrain la peur au ventre, donnant l’impression de perdre pied à chaque instant. Quant à eux, les Irlandais se sont sortis les tripes du début à la fin de la rencontre. La France a eu les pieds carrés pendant 120 minutes et a fini la rencontre sur les genoux, avec l’Irlande sur ses talons jusqu’à l’ultime seconde.

Soutenus par 10 000 supporters qui ont chanté à gorge déployée pendant tout le match, les Irlandais avaient appris leur leçon sur le bout des doigts. Ils ont eu du nez, se procurant des occasions à tour de bras. Leur coach Trapattoni avait mis sur pied une tactique cousue main d’une très grande efficacité, permettant à son équipe d’avoir une totale mainmise sur le match. La France a eu chaud aux fesses et peut remercier son gardien Hugo Lloris, qui a fait des pieds et des mains pour sauver son équipe.

Les deux équipes sont au coude à coude sur l’ensemble des deux matchs lorsque la main de Thierry Henry lui permet de trouver la tête de William Gallas, sauvant du même coup celle de… Domenech. Les Irlandais n’en croient pas leurs yeux, mais le but est validé. L’arbitre vient de leur couper l’herbe sous le pied. Verts de rage, ils peuvent s’arracher les cheveux. La qualification leur semblait à portée de main, leur tendant même les bras jusqu’à cette action. En un tour de main, Henry a sorti une sacrée épine du pied de la patrie en danger.

Haro sur le héros

Passée à deux doigts de la correctionnelle, au pied du mur, la France sauve sa peau grâce à un arbitre qui n’avait pas les yeux en face des trous sur ce coup-là. Sans bouder notre plaisir de voir les Bleus se qualifier pour la première Coupe du Monde organisée sur le sol africain, on a vraiment mal au cœur pour les Irlandais. Et sans langue de bois, plein le dos de Domenech. S’il reste en place,il sera difficile pour l’équipe nationale d’avoir les dents longues en Afrique du Sud. Il faut garder les pieds sur terre.

La polémique sur cette qualification controversée ne désenfle pas. Tout comme la tête (de turc) de Raymond-qui-sait-tout-et-qui-l’-avait-bien-dit. Avec lui, on ne sait jamais sur quel pied danser, lui qui balaye chaque question d’un revers de main. Après la rencontre, il n’y est pas allé de main morte avec les journalistes, réclamant juste qu’on le laisse prendre son pied. Mais surtout, qu’on ne lui casse pas les pieds à vouloir parler football, jeu ou tactique ! Difficile donc de s’étonner que les soutiens du sélectionneur se comptent sur les doigts de la main…

Depuis ce match, la France est coupée en deux. D’un côté, ceux qui ne retiennent que la qualification, répétant que cette main n’est qu’un  »fait de jeu ». De l’autre, ceux qui sont outrés par la manière dont le but a été inscrit et qui fustigent à tout-va Thierry Henry. Point d’avis nuancé; soit on encense, soit on assassine.

Oui, chaque supporter français est heureux que son équipe dispute la Coupe du Monde. Il n’empêche, la façon dont ce résultat a été obtenu provoque un profond malaise. Non, la France ne mérite pas sa qualification. Mais Thierry Henry n’est pas un tricheur. S’il s’était  »dénoncé » à l’arbitre et que la France avait été éliminée, quel lynchage aurait-il subi ! À quel tirage d’oreilles aurait-il eu droit ! Après ce  »mauvais réflexe », il se retrouvait dans une impasse, dans la mesure où l’arbitre n’avait rien vu : passer pour un traître à la nation, ou alors pour un tricheur aux yeux du monde entier. Pas facile de trancher en quelques secondes.

Thomas Remy