Pour ou contre la construction d’une gare à Vandières ? Si vous êtes Lorrain, c’est une question qui vous sera posée ce dimanche 1er février dans le cadre d’une consultation exceptionnelle. Un projet « ni de droite, ni de gauche » assure Julien Vaillant, Président du groupe socialiste au Conseil Régional, mais qui suscite encore des débats à quelques heures du scrutin.

15 ans. C’est le temps qu’avait donné l’Etat aux élus de Moselle et de Meurthe-et-Moselle pour laisser les rancunes s’apaiser. Un temps de préparation maximal pour une gare de Vandières que tout le monde avait fini (non sans mal) par accepter. Mais 15 ans, c’est aussi le temps d’oublier ses vieilles promesses… et de raviver d’éternelles querelles de clocher, à quelques semaines et mois des élections départementales et régionales. Coïncidences ?

Toujours est-il que cette lutte acharnée pour la localisation de la gare de Lorraine a déjà coûté la construction d’une gare provisoire à Louvigny. Entre 20 et 30 millions d’euros. Le prix de l’apaisement à l’époque mais qui, ironie du sort, cristallise désormais les débats. Car à l’heure de s’atteler, comme convenu, à la construction de la gare de Vandières (54) et à la reconversion de celle de Louvigny (57) en gare de fret, des voix s’élèvent pour dénoncer le projet.

Pourquoi le Conseil Régional souhaite une nouvelle gare à Vandières ?

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Pour permettre l’interconnexion TGV-TER. Aujourd’hui, les voyageurs ne peuvent se rendre à ou quitter Louvigny que par la route. Pour cela, ils utilisent les navettes mises en place, les taxis ou garent leur voiture à proximité (au risque de payer jusqu’à 30 euros de parking pour un stationnement d’une semaine par exemple). Vandières, contrairement à Louvigny, peut raccorder le réseau TGV à celui des TER. C’est ce qu’on appelle l’interconnexion, et elle permettra aux voyageurs de prendre le TER à la sortie du TGV pour réaliser la plus grande partie de leur parcours en train. C’est simple, c’est pratique, et vous allez me dire : « pourquoi on y a pas pensé AVANT » ?

Là encore, la réponse est simple (quoique absurde). Les experts chargés d’étude y ont pensé dès le départ et des travaux ont déjà été réalisés sur le site de Vandières. Mais face à la résistance des élus mosellans, pour lesquels le positionnement de la gare plus proche de Metz que de Nancy est un enjeu d’influence au niveau régional, Louvigny a servi de lot de consolation. C’est en tout cas la lecture que l’on peut faire à la manière dont a été conduit le projet des années durant.

Chez les opposants, on appelle au « bon sens »

D’après la SNCF, l’interconnexion bénéficierait à un quart des voyageurs, permettrait une hausse de la fréquentation de 30%, sans parler des images positives que susciteraient un maillage du réseau mieux pensé. Mais pour certains, ces externalités positives ne justifient pas des dépenses qui devraient s’élever à plus de 120 millions d’euros. Un coût important qui ne génèrera « aucune taxe nouvelle », rétorque Julien Vaillant. « Le financement de la gare de Vandières sera entièrement assuré par la TICPE ». La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques, qui n’est autre que la taxe sur les carburants que vous payez chaque fois que vous faites votre plein d’essence. Une justification qui ne suffit pas à convaincre Patrick Weiten, président du Conseil Général de Moselle et interviewé ce lundi sur France Bleu Lorraine, pour qui cet argent pourrait servir à mettre fin au « drame de l’Autoroute 31 ».

La bataille des chiffres

Le président du CG57 pense aussi que le coût annoncé du projet est largement sous-estimé car ne sont pas pris en compte les « aménagements périphériques » (plus de 80 millions d’euros selon lui) qui en découlent. Pour tenter d’y voir plus clair dans cette bataille des chiffres, nous sommes partis à la rencontre du président du groupe socialiste au Conseil Régional, Julien Vaillant.

Hors caméra, l’élu PS tient à préciser que « toutes les études (qui démontrent l’utilité publique de Vandières et la pertinence d’une reconversion de Louvigny en gare de fret) ont été réalisées par la SNCF ». Sous-entendu, réalisées en toute indépendance et loin des antagonismes destructeurs Metz-Nancy. La consultation des électeurs, quant à elle, est l’occasion d’effectuer une autre marche en avant : celle vers une démocratie participative. « Une avancée citoyenne », selon Julien Vaillant, qui estime qu’on s’épargnerait sans doute quelques polémiques si on tranchait plus souvent le débat public par des consultations similaires… au risque de se voir débouter par les électeurs.

La consultation sur Vandières a lieu, dimanche 1er février, de 8 heures à 18 heures, dans les mairies. Le conseil régional a mis en place un numéro vert d’information, le 0800 37 37 37 et un site internet dédié.