Pour quelles raisons des drones ont-il survolé Paris dans la nuit du 3 au 4 mars ? Les usages de cet engin sont très variés.

Si les drones sont apparus au cours du siècle dernier avec une mission militaire, leur usage s’est diversifié ces dernières années. Et la demande est forcément plus grande. C’est ce qu’a constaté Philippe Hirtz, gérant d’une boutique de modélisme à Metz : « C’est une nouveauté, donc ça ne peut être que croissant au niveau des ventes, ça peut aller de 7 à 77 ans », observe-t-il. « Il faut différencier deux sortes de drones : les drones récréatifs, qui ne nécessitent pas de compétences et de législations, et les drones GPS, où la loi impose d’avoir un brevet de pilote. »

Un diplôme que possède Dimitri Rahmelow, qui sous-traite sa compétence à un photographe-réalisateur nancéien. « Je pilote le drone et lui la caméra. Il faut être très complices, très complémentaires, savoir à l’avance ce qu’on doit prendre, aiguiser l’œil d’artiste et l’œil de pilote. C’est compliqué, mais les résultats sont bluffants. »

Professeur à l’IUT de Béziers, Frédéric Comby encadre chaque année un concours de programmation de drones aériens pour ses étudiants en réseaux et télécommunication. Un projet ludique sous forme de parcours du combattant : quatre jours durant, les élèves règlent leur machine pour lui faire réussir l’épreuve de façon autonome. « C’est de l’amusement. Ce sont des drones qui restent à l’intérieur, ça reste de l’ordre des jouets. »

INFOGRAPHIE

Le drone, une menace ?

Plutôt qu’un jouet, le drone est vu comme une menace dans le contexte actuel de survol de la capitale« À mon avis, le plus dangereux serait la prise de photos de zones sensibles, estime l’enseignant, mais je ne vois pas trop la menace. Je suis peut-être candide… Je ne connais pas la taille des drones qui survolent Paris. C’est peut-être un gros truc, auquel cas il y aurait la possibilité de larguer quelque chose. » Pour Philippe Hirtz, « ce n’est pas forcément une menace, ça peut faire de belles photos de Paris la nuit. Si les gens veulent faire du mal, il y a plein d’autres façons de le faire. » « N’importe qui peut mettre n’importe quoi sous un drone, imagine Dimitri Rahmelow. En fonction de la taille de l’engin, on peut accrocher quelque chose en dessous, comme une grenade ou une bombe. »

Toujours est-il que ces événements risquent d’engendrer un durcissement des règles en vigueur, déjà très strictes dans l’Hexagone. « C’est une sorte de mille-feuilles administratif bien français, raconte le pilote. C’est une activité assez neuve donc ça se comprend, il faut que ça soit dissuasif. » Aux États-Unis, des débats ont lieu actuellement pour libéraliser l’espace aérien. Et pour donner un peu d’air au drone.