Avec la Cop 21, la question de l’environnement a refait surface. Plusieurs associations dénoncent le laxisme de la France face aux changements à effectuer pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Nombreuses prônent un changement de mode de consommation, mais surtout, appellent à repenser notre rapport à la nature. Le Mouvement Colibris en est un exemple. Créée en 2007 par Pierre Rabhi, pionnier de l’agriculture biologique, l’association s’est déployée au fil des années à travers la France. A Metz, le mouvement est né au printemps 2013 et s’engage depuis plus de deux ans à « inspirer, relier et soutenir.  » Rencontre avec Julia Ludwiczak de Colibris 57.

Changer de l’intérieur pour changer le monde

“Avoir plus de respect de la terre et de l’humanisme, et rediriger nos intentions vers ces deux éléments. Si on continue à ce rythme effréné à la consommation, à piller les ressources de la terre, on détruit notre planète”, déclare Julia, en qualifiant cela de ‘schéma auto destructeur’. Colibris se définit comme un « mouvement pour la terre et l’humanisme ». Il promeut plus de respect pour la terre dans notre quotidien. Le changement personnel au cœur de la raison d’être de l’association, qui organise, par exemple, des actions de communication bienveillante, qui désigne un ensemble de concepts et d’outils destinés à aider les gens à établir des relations bienveillantes avec eux-mêmes et avec les autres. Son principe clé est donc de changer de l’intérieur avant d’essayer de changer le monde. “Nous profitions de la COP21 pour faire parler du climat et des solutions qui existent en soutenant le film « Demain » de Cyril Dion et Mélanie Laurent.”, un film coproduit par Colibris et sorti le 2 Décembre dans le cadre de la COP21. A Metz, l’organisme veut « faire du lien, relier et soutenir des actions qui vont en faveur de ce type de philosophie ».

Le déclic

« Colibri a résonné en moi parce que ça aborde toute une philosophie de vie » exprime Julia. Dans notre société accélérée, il est difficile parfois de ralentir et de s’écouter. Est-ce que je suis à l’aise avec un mode de vie à 100 km/h? Est-ce que j’ai envie que mes enfants grandissent dans un monde qui risque de se dégrader si je ne contribue pas, à mon tour, à un changement ? Ce genre de questions créent le déclic. Pour Julia, passer d’un mode de vie à un autre ne s’est pas fait du jour au lendemain.  » La transition a été plutôt lente […] Je mangeais n’importe comment”, “L’année dernière, j’ai commencé à cultiver mon jardin, et cette année, j’ai fait de la permaculture” (ndlr: la permaculture est une méthode holistique de systèmes agricoles inspirée de l’écologie naturelle).Le film de Pierre Rabhi, “Au nom de la terre”, a été un tournant pour Julia et d’autres membres pour joindre le mouvement, et contribuer au changement personnel et celui de leur environnement.

Le juste milieu ?

Si Julia s’est tournée vers le Mouvement Colibris, c’est parce-qu’elle était convaincue de pouvoir y trouver son compte. « J’ai remis en question la société […] Je me suis aperçue que le monde fonctionne à l’envers et j’avais envie de me diriger vers quelque chose pour changer ça”.Pour beaucoup, adhérer à ce genre d’associations signifie ne pas avoir  les pieds sur terre et lutter dans le vide. Les membres sont souvent qualifiés de “hippies”, “bisounours” ou encore “marginaux”. Même si Julia avoue que certaines personnes se sentent incomprises par leur entourage en adhérant au Mouvement Colibris, elle explique aussi que “ plus on fait partie du réseau, plus on rencontre des gens qui sont dans cette philosophie, et moins on se sent seul dans cette façon de penser.” Pour elle au contraire de ce qu’on pourrait nous faire croire, la population est de plus en plus touchée par les problématiques touchant à l’environnement et souhaitant effectuer cette transition pour un mode de société plus durable.“On est loin d’être des hurluberlus. On ne prône pas juste certaines choses… on les fait !” Julia a aussi évoqué une citation qu’elle trouve amplement expressive, dite par Pierre Rabhi. Elle cite:

“On peut nous traiter de fous, mais je trouve que eux sont fous de penser qu’ils pourront piller la planète pendant encore longtemps”.

Faire le premier pas

Le Mouvement Colibris est dispersé en groupes locaux, dissimulés partout sur le territoire français. Pour découvrir l’association, il est possible de rejoindre les rencontres mensuelles organisées tous les premiers lundis du mois à Metz, à la mairie de quartier de la Patrotte, route de Thionville. “Il y a plein de gens qui font plein de choses, on a beaucoup de thématiques comme l’écologie informatique par exemple,[…] C’est un lieu où tu rencontres des gens avec qui tu as envie de faire quelque chose” explique Julia.A propos de la COP21, elle estime que plus les décisions prises iront dans le sens du respect de la biodiversité, de la planète et du climat, mieux ce sera. Mais il ne faut surtout pas attendre que seule une certaine sphère prenne des décisions pour le climat, alors que cela nous concerne tous. Selon Julia, il n’y a pas de recette magique, il suffit d’écouter son coeur. “Je pense que l’avenir est entre nos mains tous, pas que dans les mains de quelques uns”.

Pierre Rabhi, Fondateur du mouvement Colibris.

Par Chloé Schonckert & Islam Abdelouali