Prenez garde: le développement d’Internet a fait évoluer la criminalité. L’éternelle course entre criminels et police s’est accélérée, et les malfaiteurs rivalisent d’astuces pour ne pas se faire prendre, bien aidés par la technologie. Cybercriminels face à la police 2.0, qui remportera la bataille ?

Fabrication d’armes à l’aide d’une imprimante 3D, crowdfunding – comprenez financement participatif – pour engager un tueur à gages, pacemakers piratables… Jérôme Blanchart, auteur de Crimes du futur, plante le décor. Nous ne sommes pas dans une série policière à succès, mais bel et bien en 2016. Une bataille qui s’est déplacée de la rue à la toile. A l’heure où la technologie prend une ampleur considérable sur notre quotidien, se pose la question de l’avènement d’une nouvelle ère : la criminalité 2.0.

Jérôme Blanchart, journaliste et rédacteur en chef adjoint à Sciences et Vie junior, éclaire ce concept : «Chaque crime est corrélé à son époque en terme de technologie. Prenons l’exemple du braquage. Au Moyen-Age, le criminel braquait une personne avec un couteau. Puis avec l’arrivée des chemins de fer, nous sommes passés à des bandes qui pouvaient voler une centaine de personnes à la fois». Ce constat s’est renforcé avec le développement d’Internet : piratage de comptes bancaires et autres escroqueries en tous genres permettent de toucher les victimes par milliers, en un seul coup. La cyberattaque a de beaux jours devant elle.

«Petits poissons et gros clients»

Détourner l’usage des technologies semble être un marché florissant : les objets connectés ne cessent de se développer et s’installent dans nos vies quotidiennes. Montres ou même maisons intelligentes, on en devient vite accro. Mais concevoir de nouveaux outils technologiques c’est bien, pouvoir les contrôler c’est mieux. Encore faut-il se rendre compte du danger, pour mieux l’appréhender. Le problème ? Selon Jérôme Blanchart, les cybercriminels sont des prédateurs invisibles, qui « s’engouffrent dans les failles que présentent ces technologies ».

Sur Internet, les pirates 2.0 ont trouvé une place de choix : le darkweb. Lorsque l’on navigue sur cette partie non répertoriée du web, on tombe parfois sur des choses pour le moins surprenantes : vidéos Youtube pour fabriquer une bombe «Homemade», commander sa drogue et évaluer le vendeur comme sur Amazon, endoctriner sur Facebook, et on en passe. Mais les cyberattaques les plus courantes sont les plus insidieuses. Ce sont celles qui nous frappent dans notre intimité. Voitures autonomes, contenu de votre ordinateur, babyphone ou babycam : rien n’échappe aux « hackers », ces pirates informatiques professionnels. Le but ? La « ransomware » ou rançongiciel, une demande de rançon pour reprendre le contrôle de vos objets connectés. En France, ces rançons ont augmenté de plus de 260 % en 2015, un record.

Si les particuliers sont très touchés par la cybercriminalité, les cibles préférées restent les entreprises, ces « gros poissons ». Jérôme Blanchart alerte : « Dans les recoins technologiques de notre présent, j’ai entrevu un futur où criminels et terroristes disposeraient d’une force de frappe terrifiante. » En effet, les chiffres donnent le vertige. La cybercriminalité en Europe coûte plus de 750 milliards d’euros par an, soit plus cher que les trafics de cocaïne, héroïne et marijuana cumulés. Les pertes financières sont colossales : en France, les entreprises victimes de cyberattaque perdent en moyenne 3,7 millions d’euros.

Face aux pirates, la police contre-attaque

Comment faire lorsque le pouvoir de nuisance des criminels augmente ? Au grands maux les grands remèdes. Pour ne pas se faire devancer, la police a mis en place de nouvelles techniques d’investigation, adaptées aux pratiques des bandits. Il était impératif de créer de nouveaux postes : la police s’équipe maintenant de personnes spécialisées en veille informationnelle, et de « gentils hackers », qui testent les nouvelles technologies pour en trouver les failles. Avec la coopération entre les pays, le but de ces actions est d’au moins ralentir le fléau technologique dans son expansion, en attendant d’avoir les moyens de couper la cybercriminalité à la racine.


 

Marine Van Der Kluft,

Cassandre Jalliffier.