En cette troisième journée des Assises du Journalisme, mercredi 29 mars, Augustin Perraud est venu présenter le MOOC Reporters d’Espoirs sur le journalisme de solutions. Un genre émergent qui propose de nouvelles initiatives.

Qu’est-ce-que le journalisme de solutions ?

Augustin Perraud, membre de Reporters d’Espoirs – association journalistique visant à promouvoir le journalisme de solutions – est venu présenter aux Assises ce registre, qui commence à prendre de la place au sein du secteur. Mais concrètement, qu’est-ce qui le différencie d’un autre genre ? Une solution est une initiative concrète, qui se veut porteuse de réponse, à toute échelle, dont l’impact est mesurable, et qui a la possibilité de s’inscrire dans le temps. Le plus important reste le fait que ces initiatives inspirent et indexent une réaction comportementale chez le public.

À l’écriture également, le journalisme de solutions a ses particularités. La première étape est de présenter une problématique, ainsi que la cause à l’origine de celle-ci. Dans un second temps, les auteurs doivent exposer une réponse à cette dernière, ainsi que le processus les ayant amenés à cette conclusion. Enfin, il est indispensable que le journaliste présente les limites de cette réponse. Ainsi, il ne faut pas percevoir ce style comme étant purement idyllique ou une communication positive, mais plutôt vecteur d’idées d’espoir, que le monde doit s’accaparer. La frontière peut parfois être proche.

En outre, de par sa vocation et sa finalité, Augustin Perraud explique que ce style a ajouté une lettre à la règle des 5 W, le N. Une lettre faisant référence au mot “Now”, et entraînant avec lui la question suivante : “que faisons-nous, maintenant ?”

Le journalisme de solutions d’un point de vue économique 

Le journalisme de solutions a par ailleurs un impact sur le modèle économique des médias. Selon Augustin Perraud, les abonnements ont pris la place sur l’audience et la publicité. « Le journalisme de solutions peut servir de modèle d’abonnement en proposant un contenu original, exclusif et qui rend service au lecteur », s’enthousiasme l’intervenant. Il a ainsi une influence sur le business model d’abonnement « en fidélisant le lecteur ».

Pour appuyer ses propos, Augustin Perraud évoque les médias Brut et le Huffington Post. Celui-ci est trois fois plus partagé sur les réseaux sociaux avec le journalisme de solutions. Des études de lectorat montrent de plus que les ventes de Libération augmentent de 22% lorsque du journalisme de solutions est intégré au sein de leurs journaux. Ouest-France, eux, de 7%.

Une manière de pratiquer le métier qui semble prometteuse

Mais est-ce que le journalisme de solutions est adapté à tous les sujets ? Selon Augustin Perraud, cela dépend : « avec de la créativité, on peut trouver des choses. Mais je ne suis pas sûr qu’on puisse couvrir une guerre avec le journalisme de solutions. » Par exemple, le journal Le Figaro avait publié un article sur la guerre en Afghanistan. Il présentait une bibliothèque souterraine, qui permettait de propager la culture et l’éducation, malgré la présence au pouvoir des talibans. Un tel sujet ne peut évidemment pas être couvert qu’avec du journalisme de solutions, bien qu’il apporte une touche de positif. Ce dernier n’en reste pas moins complémentaire avec d’autres types de journalisme.

Aurélie Cordonnier, Mathilde Brizion et Kévin Ferry