Paul-Henri Mathieu et Philipp Kohlschreiber entrent sur le court. Les applaudissements retentissent. De l’autre côté du mur, une ambiance beaucoup moins survoltée. Alors que l’attention semble s’être arrêtée sur les écrans postés au quatre coins du hall d’entrée, un homme s’active encore…

S’il marche à une dizaine de raquettes par jour, ça n’est pas parce qu’il frappe trop fort dans la balle. Telle une fourmi derrière son stand, Laurent Lucas s’attèle à corder les raquettes des joueurs. L’homme expérimenté travaille depuis plus de douze ans sur les courts de Roland Garros et pour des tournois comme l’Open de Moselle, qui se déroule pour la septième années consécutive aux Arènes de Metz. « Il faut toujours être présent », affirme l’homme dévoué. Lors des tournois, les pauses sont plutôt rares. Ses journées s’étalent de 7h jusqu’à minuit : « les joueurs s’entraînent tôt et certains préfèrent ramener leur raquette le soir pour le lendemain. ». Mais pas de quoi dramatiser, ce sont les aléas du métier.

A 41 ans, Laurent habille les raquettes avec toujours autant de passion. Malgré quelques courbatures à la fin de la journée, ce fan de tennis a toujours les yeux qui brillent lorsqu’il évoque son métier. « Les joueurs me connaissent bien, ils ont confiance », précise le professionnel. Comment oublier l’inoubliable Mc Enroe ou le talentueux Agassi ? Le môme des Hauts de Seine qui passait ses vacances à regarder les matchs de tennis à la télévision côtoie ceux qu’il a toujours admiré. Pas étonnant s’il évoque volontiers les moments passés à manger en face des joueurs ou à discuter après les matchs. Loin du starsystème, ce sont ces moments privilégiés qui lui font aimer son métier.

Fini de rêver, le téléphone sonne… Laurent quitte sa machine pour une discussion prolongée. Cordeur polyvalent serait un terme plus adapté pour évoquer ses différentes activités. En plus d’être présent sur Metz, il doit gérer à distance son collègue qui le remplace sur Paris. « Histoire de savoir si tout se passe bien », explique le gestionnaire. Il doit aussi tenir à jour le tableau des poses sur les neufs jours du tournoi. Pas de répit pour la fourmi. Le retour à la machine est plus fort que tout. Cet ouvrier du sport est capable de corder une raquette, même un portable à la main. Difficile de le suivre, les gestes sont précis et rapides. «Les machines d’aujourd’hui sont beaucoup plus agréables. Il y a vingt ans, je travaillais sur des machines à contre-poids », raconte-t-il. Mais pas question que la machine remplace l’homme… Qui vérifierait la raquette après ??