La nourriture halal, autorisée par la religion musulmane, est en pleine expansion depuis quelques années. Par conviction pour les musulmans et par gage de de qualité pour les autres, le halal envahit nos assiettes.

Même les bonbons deviennent halal

« Personnellement, je me fournis dans une boucherie halal à Saint-Avold, j’aime beaucoup cette nourriture car ce sont vraiment des produits de très grande qualité !». Denis Steyer, le directeur adjoint du supermarché Simply de Sarreguemines n’est pas de confession musulmane, et pourtant, il consomme des produits halal. Son cas n’est pas isolé, bien au contraire, il illustre même le boom pour la nourriture halal que personne n’avait prévu mais qui réjouit les acteurs de la grande distribution et de la restauration. Denis Steyer est formel : «c’est un marché porteur».

Une nouvelle clientèle

Depuis les vagues d’immigration du milieu du 20ème siècle, les choses ont bien changé, désormais on ne consomme plus halal parce qu’il le faut, mais aussi parce qu’on le veut bien. Les cibles des supermarchés mais aussi supérettes ou boucheries sont d’un côté des fervents musulmans qui suivent les préceptes du Coran et de l’autre -et c’est là la nouveauté- des personnes lambdas qui reconnaissent à ces produits une qualité inégalable.Lors du lancement de l’enseigne Simply, l’équipe de direction souhaitait déjà toucher une population la plus hétéroclite possible en proposant des produits « ethniques » (produits polonais, viande casher…) mais c’était sans se douter du succès qu’allait remporter la nourriture halal. Sans pouvoir avancer de chiffres précis, les ventes représentent 10% du chiffre d’affaires du magasin et le constat est indéniable: les gens en consomment de plus en plus ! Ça commence souvent par de la curiosité, comme ce fut le cas d’Éric, 30 ans, croisé dans le magasin qui a «essayé pour voir avant d’y prendre goût», au point qu’aujourd’hui -du moins en matière de charcuterie- il ne se fournit plus qu’en nourriture halal. En deux ans, la direction de Simply a diversifié ses produits et aujourd’hui c’est un étal de cinq mètres de large, placé bien en évidence à l’avant du rayon boucherie, qui attire le client.

Halal, késako ?

Interrogés ce matin dans le supermarché, ils ne sont pas nombreux à connaître la signification du label «halal». Par opposition à «haram», le terme «halal» signifie ce qui est licite, autorisé par la religion. Appliqué à l’alimentation, c’est la nourriture autorisée par la religion musulmane. Par exemple, est permis tout ce qui vient de la mer sauf ce qui n’a pas d’écailles comme les crabes ou les moules. Concernant la viande, est d’office interdit le porc. Ensuite, c’est la méthode d’abattage qui diffère. Lors d’un abattage classique, l’animal est étourdi avant d’être égorgé mais pour être labellisé «halal» comme l’exige le cadre législatif français sur la traçabilité, il doit être tué selon le rituel musulman. Il doit être conscient pendant l’égorgement et c’est le sacrificateur agréé par l’Institut Musulman de la Mosquée de Paris qui lui tranche les jugulaires, la tête de la bête dirigée vers La Mecque. Aujourd’hui, le leader sur le marché c’est Baktat, mais tous les fabricants s’y mettent : Fleury Michon ou plus étonnant Haribo qui propose des bonbons à base d’une gélatine prélevée sur des bêtes tuées selon le rituel musulman. Le marché en pleine expansion semble être le nouvel eldorado des supermarchés…