Tous les habitants du quartier de la cathédrale de Metz le connaissent. Jean-Paul Baldin, gérant du Coin gourmand, n’est pas un boulanger comme les autres. Chez lui, travail rime surtout avec famille et bonheur.

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La boulangerie de Jean-Paul est située rue de la Paix à Metz, à quelques pas de la cathédrale.

« Salut les gars, comment ça va ? » Le sourire est franc, l’accueil chaleureux. Naturel, dira  Jean-Paul Baldin. Un mot d’ordre pour ce célèbre commerçant messin. Installé depuis seulement deux ans à proximité de la place de Chambre, le boulanger n’a pas tardé à se faire un nom. Pourtant rien ne prédestinait ce bon vivant à vendre sandwichs et baguettes.

« A 14 ans, j’ai quitté l’école et décroché mon premier boulot : décharger les wagons de pommes de terre à Rungis » explique ce natif de la capitale. En quatre ans de travail sur le célèbre marché de gros, il passe vendeur de fruits et légumes. Après son service militaire, il décide de suivre ses parents  qui déménagent en Moselle. Jean-Paul enchaîne alors les métiers dans la logistique et gravit tous les échelons : chauffeur, responsable de quai, exploitant et directeur d’exploitation de deux sociétés. Plus de 20 ans dans les transports avant un virage à 180°.

« Le tournant de ma vie »

A 45 ans, alors qu’il est en vacances dans le Sud de la France, Jean-Paul est victime d’un infarctus. « C’est le tournant de ma vie » avoue-t-il. « Avec ce boulot, je ne voyais quasiment pas ma famille. J’ai tout arrêté pour passer plus de temps avec eux. » C’est le début d’une nouvelle vie. Sur un coup de tête, il ouvre une boulangerie. « Je prenais un café en famille rue Sainte-Marie. J’ai vu que le local était à vendre. J’ai dit à ma femme : « On va ouvrir une boulangerie ! ». En dix minutes, j’ai pris le numéro et je suis monté à l’agence ».

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Jusque là, Jean-Paul n’avait pourtant jamais tapé à la caisse, ni vendu du pain. Mais dès l’ouverture, il a pu compter sur son épouse, Nicole, qui a 35 ans de boulangerie derrière elle. Le commerce chez les Baldin ? Une affaire de couple. « C’est ma femme qui a le plus de mérite, sourit-il. Moi, le midi, je discute et je rigole avec les clients. Elle est en coulisses et fait le plus gros du boulot ».

Entre eux deux, c’est la parfaite harmonie. Mariés depuis presque trente ans et parents de deux jumelles de 17 ans, Nicole et Jean-Paul n’ont jamais été aussi amoureux. « Depuis qu’on a la boulangerie, on s’entend encore mieux, on a trouvé une deuxième jeunesse » explique le commerçant.

Un petit coin de bonheur

Les clients le sentent bien. Car la boulangerie, point de rendez-vous de tous les gourmands du quartier, est aussi un petit coin de bonheur. « Les gens viennent toujours avec le sourire » note Jean-Paul. Il faut dire que le boulanger a toujours une petite blague ou un petit mot gentil au coin des lèvres. « Ce qui compte chez nous, c’est le naturel ».

Un naturel que Jean-Paul partage également sur les planches. Passionné de scène depuis son enfance, il a dirigé la troupe du Petit théâtre de la Grange-aux-Bois et écrit neuf pièces. Des pièces qu’il laisse libres de droits, pour permettre à tous de les jouer gratuitement. Dans sa boulangerie comme dans un théâtre, la générosité prime. Voilà peut-être la recette du bonheur.

Car pour Jean-Paul, l’argent est presque devenu secondaire. « Si je veux faire du fric, je prends trois personnes et j’ouvre une concession au centre Saint-Jacques explique-t-il. Mais je ne serai pas heureux ». Il n’a pas voulu sacrifier sa vie pour faire du chiffre « Entre l’argent et le bonheur, il faut un équilibre ». Jean-Paul a trouvé le sien au coin gourmand : le bonheur est dans le blé. Mais pas forcément celui qu’on croit.