La Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM) et les taxis s’apprêtent à renouveler une nouvelle convention pour encadrer le transport médicalisé. Après une opération escargot dans toute la France lundi 29 janvier, les artisans taxis indépendants sont toujours vent debout contre la réforme, qui selon eux leur ferait travailler plus pour gagner la même somme.

Un article en plus dans la convention et les professionnels crient à l’injustice. Début janvier 2024, la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM) a publié la nouvelle convention 2024-2029 pour les taxis habilités au transport médicalisé. L’accord prévoit de baisser la tarification du transport de patients et imposer le transport partagé. Même si la pratique est commune pour certains professionnels, la Sécurité sociale veut obliger les taxis à remplir le véhicule avant de ramener les clients chez eux.

Ces conditions ne plaisent pas aux taxis. Pour faire entendre leur mécontentement, la Fédération nationale des artisans du taxi (FNAT), la Fédération nationale du Taxi (FNT) et la Fédération nationale des taxis indépendants (FNTI), ont lancé un appel à mobilisation lundi 29 janvier. De nombreuses « opérations escargot » ont été organisées dans toute la France, notamment à Metz, rassemblant chauffeurs indépendants et sociétés du secteur.

Des conditions de travail dégradées

Pour Stéphane Wilhelm, président de l’association des taxis de la métropole de Metz, cet accord détériore le travail des chauffeurs. « Pour les taxis dans les villages isolés, environ 95% de leurs courses sont du transport de patients. Avec la réforme, ils devront attendre que le véhicule soit plein pour partir ».

« S’il y a une baisse de tarification, nous devrons faire des journées de 14h au lieu de 10h si l’on veut un salaire décent », déduit Tressy Colin, taxi indépendant à Ars-sur-Moselle. Et si la réforme concerne tous les taxis, elle impacte davantage ceux à leur compte. « Les sociétés ont beaucoup de monde à gérer, ce n’est pas le cas des taxis indépendants, donc je comprends que ça peut être galère. », compatit Vincent Ferriot, artisan taxi pour la société Alain Nicolas de Verdun.

Concernant le transport partagé, d’autres chauffeurs sont plus alarmistes. « On serait dépendant des boîtes d’ambulance parce qu’on aurait plus nos clients à nous. Ça serait la fin du taxi… » s’attriste Pierre Nicolas, taxi indépendant de 26 ans à Metz.

S’élever pour le bien des patients

Les chauffeurs protestent aussi pour le confort des patients. « On transporte des personnes malades. Prendre trois clients derrière, ça ne me dérange pas, mais pas qu’ils restent trois heures dans la voiture », s’insurge Tressy Colin.

Selon un article du Monde, la Sécurité sociale veut mettre en place ces mesures pour réduire la pollution et le coût des trajets pour économiser 100 millions d’euros par an entre 2025 et 2027. Les discussions entre la CNAM et les syndicats sont toujours en cours pour trouver un accord. Les artisans taxis comptent renouveler l’appel à manifester avant le 14 février, date butoir pour signer la nouvelle convention. « Des opérations coup de poing qui bloquent et attirent plus de taxis si on souhaite se faire entendre. »  

Elsa MARAUD