Le handisport suscite ponctuellement la curiosité du public (comme lors des Jeux Paralympiques)…mais ne captive pas les foules dans la durée. Touché mais pas coulé, le navire flotte toujours, grâce à des pratiquants motivés et des dirigeants qui vont au front.

Pourtant, lorsque le handisport passionne, des structures viables se créent, la possibilité de faire du sport se dessine pour tous, des prises de conscience se forment et quelques tabous s’évanouissent.

 

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Tout ce que réclament ces sportifs, c’est le droit d’exister dans le paysage français, et de ne pas être victimisés. Quoi de plus normal que d’exiger le droit de pratiquer une activité sportive ? Il semble que cela ne soit pas une motivation suffisante aux yeux de ceux qui accordent des crédits, bien lointains de ceux que reçoivent les clubs de sportifs valides. 

Jean François, vice-président du Conseil Général de la Moselle délégué aux sports,  rappelle que « le rôle d’une collectivité n’est pas de laisser qui que ce soit de côté. » Ainsi, le département de la Moselle soutient les clubs affiliés à la Fédération Française Handisport (ceux ayant des projets de développement et ceux appartenant au haut niveau), ainsi que les athlètes de haut niveau. Le tout représente 60100€ pour 9 clubs et 3 athlètes, sans compter les allocations spécifiques aux événements nationaux et internationaux. Malheureusement, les dix fauteuils d’une équipe de basket handisport représentent la bagatelle de 50000€…une bonne intention, qui se transforme en goutte d’eau dans l’océan des belles promesses. Une goutte d’eau tout de même vitale, puisqu’elle aide quelques structures à survivre.

 

« Un handicapé qui fait du sport, c’est une économie pour la Sécu ! »

 

Retour sur le parquet. Fin d’entraînement chez les basketteurs de Saint-Avold. Un match pour boucler une séance bien remplie, ça joue sans retenue. Un joueur percute violemment son vis-à-vis et hurle de douleur. « Putain, mes chevilles ! » Moreno Vesentini, l’entraîneur resté sur le banc, m’invite à prendre la caméra. « Lui, il est allé au charbon. C’est ça qu’il fallait filmer ! Poser des questions sur la difficulté de ce sport, c’est subjectif et difficile, mais ça c’est parlant. » J’hésite, et finalement tout rentre dans l’ordre avant que ma caméra ne soit prête. « Faut pas vous gêner ! C’est justement ça le problème. Il faut dépasser ce tabou. Qui va être le plus gêné ? Vous ou moi ? »

C’est vrai, ce n’est pas du voyeurisme de montrer la réalité d’un sport. Ils prennent des coups comme tout le monde, ils se relèvent et on n’en parle plus. Comme tout le monde. C’est tellement évident, mais il est plus facile de se focaliser sur le fauteuil. C’est ce genre d’accessoire qui cristallise les soucis du handisport : au mieux, le public fait preuve de condescendance face aux difficultés supplémentaires des usagers, et au pire, la présence du fauteuil invite certains à se dire que l’effort s’en trouve réduit. « Pour le public et les médias, le handisport, ça reste de l’exploit« , affirme Moreno. « Alors que pour nous, ça nous permet d’évoluer physiquement, et on peut montrer qu’on n’est pas différents. Un handicapé qui se sent bien a moins de besoins, il gagne en assurance et en autonomie  : c’est une véritable économie pour la Sécurité Sociale ! » Au-delà des matchs, c’est là leur plus grand combat, même si ce n’est pas à eux de le livrer : c’est aux gens qui sont le moins concernés par le handicap qu’il appartient de briser ces barrières.

 

Guillaume Perrin