En compensation de la fermeture des dernières casernes militaires de Metz et de la perte de centaines de fonctionnaires d’État, le gouvernement avait promis en 2009 l’installation du pôle statistiques de l’INSEE dans la cité lorraine. Six ans après, le transfert a t-il eu lieu ? Nous avons fait un point sur la situation.

C’était en 2009. Metz se vide de ses casernes militaires. Une nouvelle perte économique touche la capitale mosellane. Le président de la République de l’époque, Nicolas Sarkozy, promet alors des compensations et la création de 1500 emplois publics. Il y aura d’abord la création de la société Ecomouv’ – dont on connaît la triste fin – et un transfert d’agents de l’INSEE depuis Paris. Au total, ce ne sont pas moins de 625 personnes qui doivent être transférées dans les prochaines années.

Deux services nationaux voient le jour du côté du Technôpole le 1er septembre 2011 : un centre de gestion administratif et de production informatique, et un centre statistique sur l’emploi et les rémunérations. Une centaine de personnes investissent les lieux cette année-là. Elles doivent être rejointes par d’autres agents au fil des ans afin d’atteindre le nombre précédemment évoqué de 625 agents fin 2013.

Le nombre d’agents a t-il été atteint?

Non. Le chiffre annoncé par Nicolas Sarkozy a été revu à la baisse. En octobre 2013, Pierre Moscovici, alors ministre de l’Economie, annonce, lors d’un déplacement à Metz, le transfert de 400 personnes d’ici 2017, au lieu des 625 initialement prévues. Aujourd’hui, 285 agents ont été transférés, et ils devraient être 295 d’ici à la fin de l’année.

Comment sont recrutés ces agents?

Lors de l’annonce du transfert en 2009, le gouvernement Fillon avait assuré que les arrivées à Metz se feraient sur la base du volontariat. Une promesse qu’a confirmée Guy Bourgey, le directeur de l’INSEE. Cependant, tous les agents ne viennent pas de Paris. Une mobilisation d’agents venant de toute la France a été engagée.

Pour faire venir ces agents à Metz, des dispositions ont été mises en place par l’agence de développement Metz Métropole, comme l’explique un de leurs responsables. « On est dans une phase où l’on promeut Metz à l’extérieur, en assurant aux personnes qu’ils trouveront des centres de transferts, des écoles et un environnement favorable. » La mairie de Metz, elle, n’intervient pas directement dans le dossier. Pour preuve, aucun adjoint ne suit le dossier de près.

Où sont les locaux de l’INSEE?

Depuis le premier transfert effectué en septembre 2011, les agents se trouvent au Technôpole de Metz.

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Ces locaux sont provisoires : l’INSEE devait initialement investir l’ancienne gare de Metz, place du roi George. Celle-ci a été racheté par le Ministère des Finances en 2014 à la SNCF. Un lieu dont elle ne se servait plus. Au total, l’Etat a déboursé plus de huit millions d’euros pour disposer de ce bâtiment. Il lui faudra ajouter cinq millions d’euros supplémentaires pour rénover les 5 490 mètres carrés de bureau disponibles à l’intérieur. « Le choix a été fait en fonction d’une série de critères. Notamment la proximité de la gare pour de meilleures conditions d’accueil des nouveaux agents, détaille le Ministère des Finances. Cela revenait beaucoup moins cher qu’une construction. Le prix est tout à fait cohérent. » Les plans de la partie rénovation ont été confiés au cabinet d’architectes Deshoulières Jeanneau et Associés, qui actuellement planche sur le sujet. Les travaux devraient commencer au premier semestre 2016 pour une installation des agents prévue en 2017.

Insee

Le projet a été lancé en 2009 : pourquoi est-ce aussi long ?

Annoncé dès 2009, ce transfert d’agents n’est toujours pas terminé six ans après. Il est donc légitime de se demander pourquoi. Deux principales réponses nous ont été apportées. La première réside dans le fait qu’aucune antenne de l’INSEE n’était implantée à Metz avant l’arrivée des premiers agents. « Il a fallu tout construire, tout organiser de A à Z« , argumente Guy Bourgey. Le second argument porté à notre connaissance est celui du temps de négociation. De 2011 à 2014, l’INSEE et le Ministère des Finances ont négocié avec la SNCF le rachat de l’ancienne gare et ont lancé un appel d’offres à destination des entreprises voulant la rénover – ce qui prend plusieurs mois. Et actuellement, l’INSEE discute avec le cabinet d’architectes choisi afin de trouver la meilleure optimisation possible de l’espace de l’ancienne gare. Un parcours qu’a accepté de nous raconter Guy Bourgey.

Le Ministère des Finances a répondu à nos interrogations sur le retard qu’a pris le projet par cette formule : « Nous prenons le temps de bien faire. C’est pour cela que l’on prend plus de temps ». Avant de conclure : « Nous ne voulons pas aller trop vite au détriment d’éléments qui pourraient être importants et sur lesquels il faudrait revenir dans quelques années ».


Kevin Saccani et Clémence Simon