Ce samedi 19 octobre, à Nilvange, la salle de concerts le Gueulard+ a fait revivre la vieille scène punk française le temps d’une soirée. C’est l’un des groupes emblématiques des années 80-90, Les Rats, qui sont venus jouer dans la salle de musique actuelle, pour le plus grand bonheur de leurs fans.

En toute intimité, nous nous sommes entretenus avec les membres du groupe avant leur passage sur scène. Sourire en coin, Patrice le chanteur se confie « Ça nous fait très bizarre d’être là sur scène et de prendre toujours autant de plaisir. Il y a un petit côté nostalgique dans ce retour ». Après vingt années de pause dans leur carrière, le groupe a décidé de se reformer pour quelques dates de concerts. « Le public est assez fidèle à ce genre de groupes. Quand on joue on est sincère, ça se voit. On est là pour se faire plaisir » rajoute Joss, le guitariste.

« Notre public est dingue, il est toujours au rendez-vous »

Lorsque vient leur tour d’enflammer la scène du Gueulard, les membres du groupe ont une énergie communicative. C’est avec une fougue sans nom que Patrice scande chacune des paroles. Enfants à problème, Paris s’éveille, Barbès, Mon cafard et moi… Aucun de leurs titres ne passe à la trappe. L’âge ne semble avoir aucun impact sur eux. Entre des riffs effrénés et des percussions enragées, les vieux punks ont assuré les deux heures de show jusqu’à la fin.

Les fans sont déchaînés et ne ratent pas la moindre occasion pour chanter à l’unisson toutes les paroles. Les pogos et slams déferlent dans la foule. C’est une énergie extraordinaire et survoltée qui a envahi ce soir la petite salle du Gueulard+. Les membres du groupe déclarent à l’unanimité « On ne s’attend jamais à un tel accueil. On voit souvent des vieux qui étaient là il y a 20 ans et qui viennent maintenant avec leurs enfants. C’est beau de voir que de nombreuses personnes sont encore touchées par nos paroles et la musique punk ».

Une musique qui rassemble les générations

Parmi les passionnés venus danser ce soir, certains ont choisi de s’y rendre en famille. C’est l’exemple de Camille, 8 ans « J’aime beaucoup la musique punk. C’est dynamique, ça bouge. J’adore par exemple les Wampas, les Sales Majestés, les Sheriffs. Plus tard j’espère continuer à écouter ce style de musique et voir plein d’autres concerts ». Derrière elle, se trouve son papa. Il a grandi dans les années 80 et reste fier de partager ce moment avec sa famille : « Ce genre de musique, c’est ma génération. J’ai envie de transmettre ça aussi à mes enfants et partager ma passion avec eux. Malgré les préjugés, le punk s’écoute aussi en famille. Je vois souvent des parents venir avec leurs enfants et c’est beau ».

C’est également le cas de Lucas et Mathilde, deux étudiants d’une vingtaine d’années. « Quand j’étais petite, j’adorais fouiner dans les vinyles de mon père. J’ai découvert les Ramones, David Bowie, Iggy Pop, les Wampas. C’est un style de musique qui me transporte » raconte Mathilde. Ils partagent également cette passion avec leurs amis, nombreux à écouter ce genre de musique, comme nous l’explique Lucas « C’est faux de dire que le punk c’est réservé qu’à des vieux. Je connais plein d’amis de mon âge qui aiment ça. Maintenant il y a plein de jeunes groupes qui émergent un peu partout. Il y a pas mal de choix et tout le monde peut s’y retrouver ».

La salle de concert le Gueulard + à Nilvange / Crédit photo : Le Gueulard.

Une salle qui met à l’honneur les musiques alternatives

Depuis son ouverture, Le Gueulard+ souhaite proposer une programmation tournant à favoriser les musiques alternatives. De nombreux groupes ont l’opportunité de venir fouler la scène de cette petite commune mosellane. Ouvrir une salle mettant en avant la musique punk a toujours été dans l’esprit d’Emmanuelle Cuttita, directrice et programmatrice de la salle de concert, « J’ai grandi avec cette culture-là. C’est un style de musique important pour moi et j’ai envie de continuer à transmettre ses valeurs. Sur l’année, nous devons avoir au moins six soirées punk par saison. Ça reste un style qui plaît et le public est au rendez-vous ».

La force du lieu, c’est sa situation géographique. Rares sont les salles de musique en Moselle à proposer une programmation tournée vers ces musiques. Le public reste toutefois friand de ce genre de concerts et ça Emmanuelle l’a bien compris : « Dans le secteur, nous ne sommes pas beaucoup à proposer une programmation avec des styles alternatifs. Ça amène donc de nombreux Messins, qui viennent ici pour y voir jouer leurs groupes favoris ». Un parti pris gagnant, car la salle de musique constate au fil des années une hausse de ses fréquentations sur ce genre de concerts. Alors, old-school la musique punk ? Loin de là. Comme le rappelait il y a presque trente ans, le célèbre groupe The Exploited : « Punk is not dead » !

DOSIO Charlène