Après une consommation en chute depuis le milieu des 90’s, l’héroïne séduit de nouveau un public hétérogène. Selon un rapport de l’Observatoire Français des Drogues et Toxicomanies (OFDT) publié jeudi, sa consommation se développerait notamment sur la scène festive underground.

L’héroïne fait son retour en force en France depuis 2006. Ce constat alarmant est la conclusion du rapport « Drogues et usages de drogues en France : état des lieux et tendances récentes 2007-2009 », publié le 4 février par l’Observatoire Français des Drogues et Toxicomanies (OFDT). Il a été établi grâce au dispositif TREND (Tendances récentes et nouvelles drogues) qui s’appuie sur un réseau de sept sites, dont Metz. Cette étude confirme le retour de l’héroïne parmi les drogues consommées en France. En effet, en 2008, les interpellations pour usage ont augmenté de 21 % par rapport à l’année précédente.Des consommateurs souvent plus jeunes et plus insérés socialement sont apparus. Les données récoltées au sein du dispositif montrent que c’est chez les 18-25 ans que la part d’usage est la plus élevée, avec 0,4% de la population. En 2008, la fréquence de l’expérimentation de l’héroïne s’est élevée à 1,1% chez les jeunes de 17 ans. Cette expérimentation est en hausse de 56% par rapport à 2003. La diffusion de l’usage d’héroïne à des populations de plus en plus hétérogènes est pour l’organisme public la résultante de multiples phénomènes : l’accroissement de la disponibilité du produit, l’affaiblissement du rejet de l’héroïne parmi les jeunes générations mais aussi une diffusion initiale par un mode d’usage familier et rassurant pour les usagers de stimulants (le sniff) qui tend à banaliser le produit ainsi consommé.
En milieu festif, la disponibilité de l’héroïne augmente dans les évènements alternatifs, free-parties et teknivals où son image se dédiabolise. Auparavant associée aux junkies et à l’injection, l’héroïne se banalise peu à peu en raison notamment du développement du mode de consommation par inhalation. Dans le cadre festif, l’usage d’héroïne est intermittent. Elle est utilisée pour gérer la « descente » ou la dépression après une prise de stimulants (cocaïne, ecstasy…). Parmi les personnes rencontrées en milieu festif techno, l’enquête fait apparaitre que 26% d’entre elles ont consommé de l’héroïne au moins une fois au cours de leur vie et 8% le mois précédent. L’OFDT indique que ces données peuvent avoir évolué à la hausse en raison de la présence d’héroïne qui se confirme dans cet espace.
L’héroïne reste néanmoins une drogue dure, dont la consommation entraine de nombreux dangers qui ne doivent pas être oubliés. Outre les pathologies liées au mode de consommation et les risques de contamination par le VIH et les hépatites B et C, l’usage d’héroïne induit une très forte dépendance physique et psychique, avec un état de manque, ainsi que des risques d’overdose.