On pourrait croire que Matteo Renzi, le nouveau président du Conseil italien, sort d’une pochette surprise. Pourtant à 39 ans, celui qui a constitué samedi 22 février le 65è gouvernement italien a  franchi les étapes les unes après les autres. Une recette d’accession au pouvoir à base de repas d’affaires, d’accords et contacts, mais aussi assaisonnée d’une insatiable ambition.

La carrière politique de Matteo Renzi n’aurait jamais pu devenir ce qu’elle est sans sa ville natale : Florence. Sa carrière démarre très tôt, à 19 ans comme secrétaire provincial du Parti populaire italien (PPI), placé au centre-gauche de l’échiquier politique. Dix années plus tard, il se fait élire à la tête de la province de Florence, avant de devenir maire de Florence à 34 ans. Déjà populaire à ce moment là, il est le troisième maire le plus apprécié d’Italie. Cette fonction sera son dernier tremplin vers son élection à la tête du « Partito Democratico » (Parti Démocrate, PD) en décembre 2013 et qui amène inexorablement à la démission le 14 février dernier d’Enrico Letta, le précédent président du Conseil issue du même parti.

Tous les moyens sont bons

L’ambition de Matteo Renzi ne se heurte à aucun état d’âme. Critique contre le gouvernement d’Enrico Letta, c’est lui qui provoque le vote pour un nouveau gouvernement contre son propre leader. Un vote approuvé à une large majorité avec 136 voix pour et 16 voix contre. Sans appel pour Enrico Letta qui déposera par la suite sa démission, laissant la place au jeune italien ambitieux. Mais la stratégie de Matteo Renzi ne s’arrête pas là. On le surnomme déjà « Renzusconi » pour avoir passé un accord le 18 janvier avec Silvio Berlusconi, l’ancien leader charismatique du « Popolo della Libertà » (Peuple de la Liberté, PDL). En rencontrant le controversé  « Cavaliere » encore récemment la semaine dernière, il s’assure une alliance stratégique, au moins provisoire, et surtout capte l’attention en attirant une partie de l’opinion publique derrière lui. Silvio Berlusconi dit même du nouveau président du Conseil « Renzi est habile et déterminé. Il a déjà compris tant de choses. »

Matteo Renzi, c’est aussi un style. Il fonce et n’a pas sa langue dans sa poche. Lors de son élection à la mairie de Florence, il envoie un sms aux entreprises dépendant de la municipalité « vos démissions sont la bienvenues ». Les médias le chérissent depuis lors et il arrive à se faire des amis parmi les financiers, les hommes de télévision ou encore les artistes.

Gérer l’Italie, mieux que Florence

Néanmoins sa gestion de Florence semble laisser à désirer, la dette est passée de 179 à 750 millions d’euros en 3 ans. Son adjoint aux finances en 2012 démissionna évoquant un Matteo Renzi qui « ne pense qu’à inaugurer, annoncer et approuver de nouveaux financements pour de  nouveaux projets », en évoquant le manque de temps accordé au budget pour sa ville. L’homme est pressé, au risque de passer à côté de l’essentiel.

Alors que devient l’ambition lorsqu’on a atteint les plus hautes strates du pouvoir ? Pour le moment, 52% des italiens approuvent Matteo Renzi, selon un récent sondage Ipsos publié le 17 février pour le Corriere della Sera. Il lui faut désormais confirmer sa dynamique pour ne pas finir comme son prédécesseur avec à peine 10 mois de gouvernance en tant que président du Conseil.

[toggle title= »Un gouvernement paritaire et encore plus jeune »]

Le nouveau gouvernement de Matteo Renzi est paritaire, tout comme l’avait fait François Hollande, pour la première fois de l’histoire italienne. Il y a 8 femmes et 8 hommes, complétés par le secrétaire d’Etat à la présidence, Graziano Delrio. C’est aussi le gouvernement le plus jeune, avec 47,8 ans de moyenne contre 53 ans pour le gouvernement précédent d’Enrico Letta.

Il n’y a pas de bouleversement majeur. Le gouvernement reste une alliance entre Parti Démocrate (PD) et Peuple de la Liberté (PDL) Quelques ministres sont reconduits ou repositionnés à d’autres fonctions, comme Angelino Alfano ministre de l’intérieur ou Béatrice Lorenzin ministre de la santé. D’autres passent de secrétaire à ministre comme Roberta Pinott à la défense.

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