Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les positions du Front National concernant Internet sont ouvertes et engagées. La faute peut être, au relatif silence des autres candidats.

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Peut-être pas aussi loquace que certains politiques sur Twitter, comme Nadine Morano, au hasard le plus complet, le FN est néanmoins présent sur le web. Comptes Twitter et Flickr actifs, pages Facebook à près de 50 000 fans et chaîne YouTube, le parti de Marine Le Pen fait aussi campagne sur Internet. Avec le lancement mi-janvier de la “Toile Bleu Marine” , un réseau formé de sites et de blogs de sympathisants frontistes, la candidate du Front National désire affirmer sa présence sur la toile.

Cette activité, de plus en plus conséquente à l’approche du scrutin, s’explique en partie par le fait que le FN dispose d’une position bien tranchée dans son programme concernant l’avenir d’Internet. Au-delà de simplement s’affirmer en défaveur de la loi Hadopi comme tous les opposants à Nicolas Sarkozy, le Front National affirme vouloir défendre les libertés sur la toile.

Dans une vidéo publiée en juin dernier, la candidate Le Pen apporte aux internautes des propos forts. Plus fort que les autres candidats jusqu’à présent en tout cas. Elle s’affirme pour la mise en place d’une licence globale et d’une loi « Liberté sur Internet ». Évidemment anti-Hadopi dans ses propos, Marine Le Pen s’inquiète aussi de la loi Loppsi 2 et du projet ACTA (Accord commercial anti-contrefaçon) qui fait énormément réagir la toile et les Anonymous depuis quelque temps. Ces projets et lois sont une atteinte à la liberté en ligne, « Cette liberté sur Internet, elle nous concerne tous, et je souhaite la restaurer, la préserver, la sanctuariser » , assure la candidate d’extrême droite.

Concernant la récente fermeture du site de partage de fichiers Megaupload, Marine Le Pen ne mâche pas ses mots concernant la réaction de Nicolas Sarkozy. Alors que ce dernier salue la fermeture du site, la candidate frontiste l’accuse d’être « l’ami des majors et des multinationales qui font des marges hallucinantes sur le dos des artistes et des consommateurs, et n’encouragent absolument pas la créativité« . Elle trouve de plus que « l’enthousiasme manifesté » par le Président de la République à l’annonce de la fermeture « a de quoi laisser songeur » et qu’il profite de cette affaire pour “appeler à un renforcement de l’Hadopi”. Pour Marine Le Pen, le chef de l’État « fonctionne avec les internautes comme avec les automobilistes en les rackettant« .

Sincérité ou opportunisme ?

Réel engagement politique et idéologique ou simple récupération électorale des jeunes internautes en vue des présidentielles, la question reste entière. D’après Philippe Aigrain, cofondateur de la Quadrature du Net  « Le parti de Marine Le Pen exploite de manière opportuniste le terrain laissé vide par les autres partis, qui ont tardé à se saisir du sujet Hadopi dans la campagne à la présidentielle. » La liberté de parole en ligne, défendu par Marine Le Pen serait aussi un avantage pour le Front National. Le directeur de campagne de la candidate, Florian Philippot affirme que « Nous misons sur Internet, non seulement parce qu’il permet une vraie liberté d’expression, mais parce que les médias traditionnels avantagent les vieux partis » (propos recueillis par 01net).

« La toile est un outil au service de cette intelligence, j’en serai le meilleur défenseur ». Reste à savoir si ce genre de phrase et si les promesses de Marine Le Pen d’abroger la loi Hadopi et de retirer la France du projet ACTA ne sont que des éléments « poudre aux yeux » de campagne électorale ou bien une réelle volonté de défendre la toile et ses utilisateurs. De plus, sa proposition de loi “Liberté sur Internet” et les moyens de mise en place d’une licence globale restent encore à définir. À l’heure où François Hollande commence à parler de son propre projet de licence globale, le FN va devoir lui aussi parler plus précisément de ses idées pour Internet.