Des échanges libres et un consensus qui se dégage sur la nécessaire tolérance et l’obligation pour les populations issues de l’immigration de respecter les lois de la République.

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« Les musulmans doivent accepter la laïcité de la France » C’est un Français né de parents allemands qui s’exprime ainsi, en fin de débat. Pour lui « La question de l’intégration de populations venues d’Afrique et de certains autres pays musulmans est au cœur du débat ». Ces populations refusent de s’intégrer. Il explique que lors du débat organisé à Borny « Un musulman qui a exprimé son intérêt pour le catholicisme a reçu des menaces sévères des autres musulmans ». Il conclut que l’Islam est une religion de domination. « L’Islam modéré n’existe pas. Le débat sur l’identité nationale c’est demander aux musulmans de se soumettre aux lois françaises au lieu de vouloir imposer aux Français la Charia ». Thierry Gourlot du Front National, l’un des rares politiques présents dans la salle jusqu’à la fin des échanges poursuit dans la même voie. « Des soldats français musulmans refusent d’aller combattre en Afghanistan parce qu’ils ne sont pas prêts à combattre des musulmans. Tous ceux qui se disent français tout en défendant une autre culture doivent choisir. On ne peut pas être français et de culture magrebine ».

De tels propos dissonnent avec le climat général qui avait régné  jusqu’alors. Ils s’adressent clairement à Naïma Hassani, dirigeante de l’association Dounia qui travaille à l’intégration des femmes issues de l’immigration, par l’enseignement du français. Dans son intervention, elle a plusieurs fois proclamé être « Française d’origine marocaine, de culture berbère et de confession musulmane » et que cela enrichissait son identité française : « ma richesse c’est ma culture berbère ! ». Elle trouve que « ce débat est frustrant car on ne connait pas sa finalité. Il est dangereux car il peut davantage frustrer ceux qui se sentent déjà écartés ». Juste après, un Français arrivé du Cap Vert, en 1972, prend la parole. « J‘avais 15 ans lorsque je suis arrivé. Mon père m’a demandé de respecter les lois et coutumes de la France. C’est ce que j’ai fait et je suis aujourd’hui Français et chef d’entreprise. Je n’ai aucun problème ». Propos qui lui valent les seuls applaudissements de la soirée. Ce sont donc ceux qui rechignent à appliquer les lois du pays d’accueil qui refusent de s’intégrer. Pour les autres, la France doit rester fidèle à sa tradition d’accueil et d’intégration. Des propos proches de ceux tenus par Nouria Yahi Boggio dans l’une des vidéos projetées. La déléguée de Lorraine aux droits de la femme et à l’égalité affirme que « La France n’a jamais intégré des gens en fonction des critères raciaux. Elle est depuis des siècles composée  d’étrangers. Tous ceux qui deviennent Français acceptent les droits et devoirs du pays ». Tous les orateurs à la tribune ou convoqués en vidéo s’accordent donc sur les cinq valeurs énoncées en ouverture par le Préfet : la devise de la République ( liberté, égalité fraternité), la laïcité et les droits de l’homme.

De l’opportunité  du débat ?

3Vacances de Noël, match du FC Metz, chute de neige. Des raisons pour justifier la faible participation. Moins de soixante personnes à l’hôtel de département

C’est un enseignant de philosophie, conseiller municipal de Metz qui pose le problème. « Lorsqu’un peuple commence à se poser des questions sur son identité. C’est qu’il ne sait pas où il va ». Il évoque l’opportunisme de la coïncidence du débat avec la campagne des régionales. Une citoyenne dans la salle renchérit : « Pourquoi ce débat est-il initié par le ministère de l’immigration? On comprend vite qu’on veut chasser des étrangers. On aurait pu le confier au  ministère de la  culture ». Mais si, « La période électorale est propice pour ce type de débat » suggère Wolfang Schild, secrétaire d’Etat à la justice du Land de Sarre. Il fait savoir que l’Allemagne s’interroge aussi avec « trois millions de Turcs qui ne veulent pas s’intégrer ». Christian Boyer, conseiller du ministre Eric Besson est sollicité pour expliquer l’intérêt et l’urgence de ce débat. « Il était prévu dans le cahier de charges du ministère à sa création. La question était déjà dans les préoccupations de campagne de Nicolas Sarkozy lors de la présidentielle. Les élections, il y en aura toujours. Et le débat va se poursuivre après. » Christian Boyer donne des chiffres importants : « ¼ de français ont un grand parent issu de l’immigration. 120.000 nouveaux Français sont issus de l’immigration chaque année ». Il conclut que dans un tel contexte « le débat sur l’identité nationale est utile ».

2Christian Boyer, conseiller (chargé du débat sur l’identité nationale) auprès du  ministre de l’immigration, de l’identité nationale, de l’intégration et du développement solidaire.

Mireille Wagner, Directrice générale de la Chambre de commerce et d’industrie de la Moselle indique que « l’intégration est plus facile en période de croissance ». Elle croit donc comprendre le repli identitaire des Français confrontés à la crise. Elle fustige ce repli en encourageant l’ouverture au monde. «  100 000 Mosellans traversent la frontière et face à la crise, les entreprises devront élargir leurs horizons. La tolérance et le respect des autres sont incontournables ».  « Tout repli identitaire est inquiétant » renchérit Claude Frisoni, directeur d’un centre culturel au Luxembourg. « Où allons nous mettre les 200 millions de réfugiés climatiques annoncés si nous repoussons les immigrés actuels ?». Dans une vidéo, l’écologiste et botaniste Jean Marie Pelt, croit qu’un tel débat n’a de sens que s’il concerne l’identité européenne. Et (paradoxe ou sens de l’histoire ?) il aura en effet été souvent question de l’identité européenne dans ce débat sur l’identité de la France.