Portrait réfugié Afghan

Homy est un réfugié. Comme beaucoup, il est en Grèce. Cela fait bientôt quatre ans qu’il attend les décisions administratives concernant son statut. Depuis le début de son périple, il forge sa personnalité au contact de différentes cultures. À travers un entretien touchant, fort, le jeune homme nous dévoile son ressenti face à sa nouvelle vie en Europe. 

Installé devant son téléphone, à l’étage du restaurant que tient son oncle au cœur d’Athènes, Homy entame son récit. Le jeune homme est décontracté, s’exprime aisément, il est souriant. Les questions plus personnelles vont le faire se refermer un peu sur lui-même mais la volonté de raconter son histoire est plus forte. 

Né en Afghanistan, Homy n’en parle pas d’emblée. « Parfois, quand je dis que je viens d’Afghanistan, je peux voir dans le regard des gens la différence. Ils regardent un terroriste ». Pour se protéger il répond souvent « je viens de partout » quand on lui pose la question de ses origines. Avant d’arriver en Grèce, il a passé quelques mois en Iran. Ensuite, au camp de Moria à Lesbos, il a côtoyé beaucoup de personnes, beaucoup de pays, de cultures différentes. Au fur et à mesure, il a su absorber ce mélange, c’est la raison pour laquelle il se considère « humain » avant tout. 

Entraide

« La chose la plus importante pour moi est d’aider les autres. Je veux faire passer le message fort qu’il n’y a pas de différence au sein de l’humanité ». Son parcours a fait naître en lui un but précis : aider. « J’ai laissé ma fierté de côté, je suis devenu altruiste, humble ». Tout a commencé à Moria où il a travaillé avec des ONG en tant que traducteur. Le jeune réfugié a pris part à la vie du camp, il s’est approprié ce lieu pour essayer de le rendre meilleur pour tout le monde. « Je déteste être vulnérable. C’est pour cela que j’essaye de changer qui je suis. Je disais aux gens que nous sommes forts». 

Une fois installé à Athènes, Homy poursuit son combat. Il s’implique dans différentes missions d’aide, de traductions, d’aménagement pour les migrants. Il tente de reconstruire la vie qui lui a été enlevée. « Je travaille légalement, je paie des taxes, je veux aider la communauté. Je veux aider le pays dans lequel je vis ».

Le jeune homme consacre son temps et son énergie aux autres. Mais ne parle pas de lui. Ne parle pas de ses sentiments. « Je sais que j’ai pleins de problèmes et c’est trop pour moi. En aidant les autres, je m’aide moi-même, je m’aide à échapper à ça ».

Émotions douloureuses de souvenirs enfouis 

Un mot fait basculer la conversation : futur. Bloqué aux portes de l’Europe par de longs processus administratifs, il rêve du jour où il pourra s’envoler de Grèce, laquelle n’est pour lui qu’une étape du voyage.  Après un long silence, le regard fuyant, il dit d’une voix emprunte d’une grande émotion « je veux la paix. […] Je veux avoir mon propre salon de coiffure, ma propre voiture, ma propre maison, ma famille ». À Kaboul, il avait son « royaume » à lui. Il a tout perdu en chemin. « Je suis une personne différente maintenant. Mon moi tout entier est resté en Afghanistan, le vrai Homy ».

Malgré l’enthousiasme qu’il trouve dans chaque facette de sa nouvelle existence, il ne peut s’empêcher de s’avouer à lui-même qu’il est « plein de mensonges ». « Je n’appartiens à rien maintenant et ça me manque. Ça me manque de ne plus appartenir à ma mère, à mon père, à ma famille, à mon pays ». 

L’homme « venant de partout », animé par l’envie d’aider les autres « croit en l’humanité » malgré tout. Il garde un mélange de colère, d’espoir, de peur et d’optimisme. « Je crois qu’il y a une bonne personne à l’intérieur de chaque mauvaise personne. Il y a une bonne personnalité même à l’intérieur du diable. Arrêter de faire la guerre. Arrêter de tuer les gens. Je veux me battre ».