Alors que le milieu du Rap français profite d’un regain d’intérêt du public, le disque d’or est devenue une distinction presque systématique. Cela se vérifie chaque fois qu’un artiste en vogue sort un nouveau projet.

50 000 disques vendus, c’est le seuil pour qu’un artiste obtienne un disque d’or. Initialement fixé à 100 000 albums vendus, le SNEP* et l’UPFI* ont abaissé ce seuil en 2006 à cause de la crise du disque qui a alors frappé l’industrie musicale en France. Las ! le nombre d’albums requis pour être récompensé est devenu presque risible, lorsqu’on qu’on le compare aux États-Unis. Outre-Atlantique, il faut atteindre un nombre de 500 000 exemplaires écoulés (physique et/ou digital) pour se voir ainsi distinguer. De quoi accentuer le fossé, plus que jamais présent, entre les deux pays.

Le numérique : fabrique à disque d’or

Depuis février 2016, le mode de comptage des ventes de morceaux et d’albums a été revu. En cause, une forte hausse de la fréquentation des plateformes de streaming. Aujourd’hui, Youtube & Spotify disposent d’une audience monde dépassant le milliard de visiteurs jour. De ce fait, le RIAA* aux Etats-Unis et le SNEP en France ont décidé de convertir le nombre d’écoutes streaming en vente réelle. De telle sorte que 1 500 vues sur YouTube ou 1 500 écoutes sur Spotify équivalent à un album vendu ou dix titres achetés.

Avec cette nouvelle législation, l’industrie musicale donne le la à un phénomène de One-hit wonder* qui tend à se banaliser. Faire le buzz sur la toile deviendrait pour des néo-artistes inspirés une source de revenu, mais aussi de distinction donnant lieu dans certains cas à des situations loufoques.

Le joueur de foot « Papu Gomez » a obtenu un disque d’or.

« Je n’aurai pas le ballon d’or, mais j’ai gagné un disque d’or. Merci à tous ceux qui ont rendu cela possible. »

Gare aux effets pervers

Il semble qu’une poignée d’artistes malintentionnés aient exploité les failles de ce nouveau règlement. Comme en témoigne le fil d’instructions ci-dessous, il est désormais possible d’acheter des streams afin de doper ses écoutes et ventes d’albums.

https://twitter.com/LeCritiqueurRap/status/926485390273536001

Un commerce parallèle s’est construit autour de ce type de fraude. Des groupes comme SLEEPIFY incite désormais délibérément leurs fans à laisser tourner en boucle leur compte Spotify dans cette vidéo. Considéré comme une simple stratégie commerciale pour certain, mais comme un véritable affront à la musique pour d’autres, cette pratique offusque un grand nombre d’observateurs. « Nous avons des procédures de contrôle désormais efficaces pour repérer les fraudes et ne pas les comptabiliser. » déclarait récemment Denis Ladegaillerie, patron du label Believe dans Les Echos. Pour l’heure, aucune réglementation contre la fraude au streaming n’a été déposée. Il est certain que le débat n’a pas fini de faire couler de l’encre, et que l’achat de streams contribue à la dévaluation du Disque d’or.

 

A l’image des supporters du FC Metz, l’achat du vues Youtube n’est pas impératif pour créer un engouement au sein de la ville.

 

SNEP* : Syndicat National de l’Édition Phonographique

UPFI* : Union des Producteurs Phonographiques Indépendants

RIAA* : The Recording Industry Association of America

One hit-wonder*: Succès sans lendemain