Delphine François, photographe

Delphine François se définit comme photographe depuis maintenant dix ans. Actuellement à Détroit, dans l’état du Michigan aux États-Unis, l’artiste revient sur son parcours qui sort des sentiers battus.

C’est avec un peu d’appréhension, de curiosité et d’excitation que Delphine François décide de nous parler de son histoire. Âgée de 47 ans, elle se plonge dans la photographie depuis une dizaine d’années maintenant. Artiste dans l’âme, le métier de photographe n’était pas une évidence pour elle au départ. Elle démarre ses études en sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS) et obtient son master en manager du sport puis elle arpente la scène parisienne pendant 10 ans pour exercer son métier de danseuse.

Photographie de la galerie “Lively Cuba”

Détroit, une révélation photographique

Delphine suit son mari à Détroit et tombe amoureuse de la photographie. Toujours munie de son appareil photo, elle tente, observe, imagine, clique et re clique sur le bouton pour capturer l’ensemble du territoire. Delphine ouvre son champ de vision, explore sans cesse et se dépasse. Une passion pure et intense est née à Détroit pour sa population, ses couleurs, cette vie. C’est avec ces trois mots, que Delphine s’identifie : « Humanité, expérience et singularité ». Photographier les gens n’est pas simple, ce n’est pas inné, « on a l’impression de voler une intimité », explique-t-elle.

Delphine est une femme en quête d’expériences, toujours à la recherche d’une nouvelle façon de faire. La photographe est happée par les regards. Beaucoup d’émotions, d’expressions passent par ces derniers. C’est ce qui l’attrape et donne ses photos. D’un ton expressionniste et de ses mains qui s’agitent en mimant la photo, Delphine explique que lorsqu’elle voit une personne, elle s’empresse de la prendre la photo, car : « C’est l’urgence, si elle me voit du regard, ça va changer ». Cependant, Delphine nous explique qu’un regard artistique, ça s’éduque, ça se travaille. « Peut être que ça peut prendre plus de temps chez certaines personnes, que chez d’autres, mais je pense que c’est en chacun de nous », assure Delphine François.

Photographie d’un souvenir marquant de la galerie “ Detroit off Beaten Tracks” lors d’une expédition en urbex

Une artiste qui n’a pas froid aux yeux

« J’aime le côté extraordinaire des choses », s’exclame Delphine François. Elle aime tenter de nouvelles choses, voir l’impossible, explorer de nouveaux horizons. « Je me sens vivante quand je suis déstabilisée, quand je dois m’adapter, quand je vais au-delà de ma zone de confort ». Elle monte un collectif avec cinq autres artistes et se lance dans la photographie d’urbex (« urban exploration ») à Détroit. Se rendre dans des endroits vides mais à la fois remplis d’âme, « ça fout la chair de poule » dit-elle en riant. Avant de conclure : « Il y a une impression de malaise dans certains endroits, de tristesse et en même temps une envie irrésistible de capter l’image, de s’en souvenir, de capter comme une poésie nostalgique ».

Elise Blanchard