Mercredi 4 octobre, le théâtre Bernard-Marie Koltès situé sur le campus du Saulcy à Metz, a rouvert ses portes. Une nouveauté est présente cette année : les pièces de théâtre à 1 euro pour tous les étudiants, boursiers ou non.

Assister à une pièce de théâtre pour le prix d’un café, c’est vendeur ! C’est le défi qu’a voulu relever le théâtre Bernard-Marie Koltès situé sur le campus du Saulcy à Metz. Selon une étude menée par l’ASTP (Association de soutien pour le théâtre privé), le prix moyen d’un billet de théâtre est de 30 euros. Au BMK, le tarif plein est de 18,99 euros, ce qui est déjà moins cher que la moyenne.
En temps de crise et d’inflation, ce geste est le bienvenu pour les étudiants. Nicolas Beck, directeur de la vie universitaire et de la culture de l’Université de Lorraine, est à l’origine de cette initiative : « Il y avait déjà des tarifs réduits mais on voulait encore faire un effort pour rendre cette salle accessible aux étudiants du campus ». 

Un projet difficile à financer

Proposer un tarif réduit à tous les étudiants, c’est synonyme d’investissement pour l’Espace Bernard-Marie Koltès. Quels financements ont permis au théâtre de mettre en place le billet à 1 euros ? C’est par les subventions et les aides de la ville de Metz et de l’État que les établissements publics sont en capacité de proposer des offres culturelles variées. Toutefois, il arrive que ces aides ne suffisent pas. « Il faut savoir que la mairie subventionne le théâtre à hauteur de 25 000 euros. La difficulté, c’est que le théâtre Bernard Marie Koltès n’a pas autant de subventions que l’opéra de Metz, par exemple. Pourtant, c’est une scène d’intérêt national et elle mériterait d’être encore plus aidée », raconte Timothée Bohr, adjoint à la mairie de la ville.
Pour mettre en place le billet à 1€, la CVEC (contribution de vie étudiante), payée par chaque étudiant non boursier à la rentrée, pallie ce manque. « Les étudiants de l’université, lorsqu’ils s’inscrivent, payent aussi un peu pour la formation de la vie du théâtre, donc c’était normal de se dire qu’on allait aussi, en tant qu’université, favoriser l’accès aux étudiants de manière simplifiée », justifie Nicolas Beck.

Lee Fou Messica et Nicolas Beck lors de la soirée d’inauguration du BMK – Crédit photo : Loris Jecko

Une programmation étudiante

Cette année, le théâtre traite des sujets d’actualité : écologie, faits-divers, santé mentale, etc. Toute la programmation est axée sur la façon dont elle pourrait  « intéresser les étudiants ». Un travail de communication a aussi été mis en place pour leur donner envie d’y jeter un œil. « Il y a un travail de fond qui est fait avec les formations, tout au long de l’année. Les équipes vont sur les campus et au contact des étudiants par les associations. On essaye d’avoir l’opportunité de présenter la saison, de présenter un spectacle quand il y a un thème précis. Le but c’est d’être partout où les étudiants sont » affirme Nicolas Beck.

Un public difficile à toucher

Lors de la soirée d’ouverture du BMK, les étudiants n’étaient pas au rendez-vous. Ce constat rappelle les années précédentes : « on recevait habituellement des gens plus âgés, donc des actifs ou des personnes retraitées », affirme Jean de Pange, metteur en scène et artiste associé à l’EBMK Scène Conventionnée Écritures Contemporaines de Metz. Cette observation rappelle que le public recherché a moins tendance à se rendre au théâtre. Pour Timothée Bohr, l’explication est simple : « Les étudiants, on le sait, viennent souvent de loin, ils ne sont pas forcément de la ville. Quand ils ne savent pas trop quoi faire, qu’ils sont avec leurs potes, ils n’ont pas toujours l’idée de venir au théâtre ». 

Il restait quelques sièges vides au BMK lors de la soirée d’inauguration – Crédit photo : Loris Jecko

Les principaux concernés sont-ils convaincus par cette action ?

Près d’un cinquième du public du théâtre a moins de 24 ans. Avec le nouveau tarif, ces chiffres pourraient bien augmenter. « L’entrée à 1 euros, c’est une bonne initiative. Cela permet aux étudiants d’avoir une ouverture culturelle et de lutter contre la précarité », souligne Jules, vice-président des étudiants Initiative qui semble déjà faire ses preuves, comme le soulignent Noémie et Romane, toutes les deux étudiantes : « peut-être qu’on ne serait pas autant allées au théâtre si les entrées n’étaient pas à 1 euros ». À l’heure actuelle, les acteurs du projet espèrent que le public étudiant remplisse davantage les 144 places du BMK. Un défi pour les coordinateurs du projet pour l’année 2023-2024, mais aussi pour les prochaines saisons !  

Bastien Baehr – Marie Luthringer – Loris Jecko