Les derniers sondages continuaient de le donner vainqueur des « Primaires citoyennes » du Parti socialiste. François Hollande est passé, samedi, par la Lorraine. La fin d’une campagne marathon, au milieu de ses « amis ».

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Les principaux concurrents étaient tous venus en Moselle, ne restait plus que François Hollande. Samedi 9 octobre, le député-maire de Tulle en Corrèze conclut son tour de France par « la région sidérurgique Lorraine ». Sourire aux lèvres, il ironise devant les journalistes : « j’aurais pu prendre un repos bien mérité sur mes terres corréziennes ». A la veille de l’un des scrutins les plus importants de sa carrière politique, François Hollande affiche une certaine sérénité. Les sondages le donnent comme favori depuis plusieurs semaines mais il reste concentré. Le matin, il est de passage à Rombas, pour « promouvoir la sidérurgie sur des bases solides ». S’il est élu président en 2012, il déclare vouloir relancer l’activité des entreprises lorraines. Un discours qui rappelle celui de Nicolas Sarkozy à Gandrange en 2008. Quelques heures plus tard, l’ancien premier secrétaire du PS se rend à Tomblaine, dans la banlieue nancéienne. Accueilli par la maire de Toul, il lui demande de « vérifier que Nadine Morano ne votera pas aux primaires ». Eclat de rire dans son entourage, le ton est donné ! Il s’offre des bains de foules à plusieurs reprises, se réjouissant des « François président ! » criés parmi la foule. Le temps presse, il va falloir quitter la Meurthe et Moselle car Metz, principale étape de la journée l’attend.

Une « campagne exemplaire » Hollande2

Sur la place Saint-Louis, les élus s’agitent. Dans le même temps, le défilé de l’événement « Etudiant dans ma ville » s’achève dans le brouhaha des 400 jeunes présents. François Hollande devait assister à l’inauguration des festivités mais, suite à des tracts de l’opposition, le discours se fera sans lui. Dominique Gros, maire de Metz prend la parole, entouré par Bertrand Mertz, maire de Thionville et Luc Johann, président de l’université. Soudain, le maire doit interrompre sa prise de parole. On vient de lui annoncer que son invité va arriver. Le micro reste silencieux et les deux élus présents, proches de François Hollande, se dirigent vers sa voiture. Mouvement de foule, attroupement, les badauds peinent à distinguer le président du conseil général corrézien. Un militant pro Jean-Luc Mélenchon fend la foule et s’en prend verbalement à François Hollande qui ne lui prête que peu d’attention. Aux balcons, on lui crie de monter boire un café, il sourit mais doit refuser. Puis, accompagné de quelques journalistes, il se faufile dans le café Le Rubis, sous les arcades de la place. A l’intérieur le rejoignent Aurélie Filippetti, députée de Moselle, Dominique Gros, Bertrand Mertz, le sénateur Jean-Marc Todeschini et Pierre Moscovici. « L’endroit est exigu ! Qu’est ce que ce sera quand je reviendrai pour la présidentielle », plaisante-t-il en rentrant. Il est le seul à se retenir de crier victoire, mais le cœur y est : « C’est très rare que le favoris des sondages à la veille de l’élection perde », se risque-t-il. Persuadés qu’il n’y a plus aucun doute, ses voisins de table l’applaudissent et se projettent déjà dans l’avenir. « Cette campagne a été exemplaire » le félicite Dominique Gros, « exemplaire car elle a été contrastée ! ». Le bar est plein de sympathisants du candidat « François » qui attendent la parole. Elle tarde à leur être donnée. Beaucoup ont dû rester à l’extérieur et râlent ! Même les journalistes n’ont pas tous pu entrer. Le chamboulement de programme a contraint les supporters présents à se rendre à la conférence de presse pour pouvoir parler à leur « champion ». Dehors, les chansons paillardes entonnées par les étudiants ingénieurs fusent. « La jeunesse vous soutient monsieur Hollande, mais elle saura aussi se souvenir de tout ce que vous lui avez promis », lance un jeune homme alors que François Hollande s’apprête à partir, reconduit à son véhicule par ses « amis » mosellans. Sorti du Rubis, la chaleur étouffante laisse place à un froid radical. Le député corrézien ne semble pas s’en soucier. Dernières poignées de mains, autographes, sourire tendu, son appréhension est visible. Le lendemain, il sera fixé sur son sort. Sous les applaudissements, la voiture disparaît au loin.

Anthony Rivat

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