Depuis une dizaine d’années, les étudiants en BTS jardinerie et végétaux d’ornement de Courcelles-Chaussy organisent une vente de sapins. Une partie des bénéfices est reversée à l’association des chiens guides de l’Est. La vente est ouverte jusqu’au 23 décembre.

Le feu ne démarre pas. « Au moins on a le soleil », sourit un étudiant. Ils sont quatre, ce samedi 3 décembre, pour accueillir le public. « Ça commence fort, aujourd’hui » sourit Stéphanie Hilt, qui chaperonne le petit groupe d’étudiants du BTS. « Mais le démarrage est tranquille », continue la responsable désignée. « La vente a commencé le 26 novembre, il n’y avait pas grand monde les premiers jours. » Il a pourtant suffi d’un samedi ensoleillé pour lancer les ventes. En l’espace de deux heures, ils ont vendu environ 30 sapins. « On s’attendait à un démarrage tranquille. On s’attendait aussi à voir du monde ce premier week-end de décembre, qui coïncide aussi avec les festivités de la Saint Nicolas. »

Mise en pratique  

Cette vente de sapins n’est pas sans but scolaire. Elle s’inscrit en tant qu’évaluation pratique de la formation. « La dizaine d’étudiants du cursus participe à cette vente, c’est un projet unique », confirme Christophe Lavialle, enseignant de négociation commerciale et de communication. « Cette opération leur permet de mettre en pratique ce qu’ils apprennent en cours, tout en les plongeant dans le monde professionnel. » Au programme : gestion des stocks, contacts avec les fournisseurs, communication. Tout est réalisé de A à Z par les étudiants. « Nous les formons et les initions à la création et à la gestion d’entreprise », complète l’enseignant. Seule la livraison n’est pas prise en charge par les étudiants. « Les assurances ne prévoient pas que nous conduisions les camionnettes de l’école », fait remarquer Stéphanie Hilt, elle-même étudiante. Ce sont donc aux professeurs de s’en charger, dans un rayon de 45km, « sur un périmètre qui couvre Château-Salins, Thionville et Amanvillers. »

La mise en filet des sapins : dernière étape avant la vente. ©Lucas Hueber
La mise en filet des sapins : dernière étape avant la vente. ©Lucas HUEBER

Si tout doit être fait de A à Z par les étudiants, ceux-ci ne comptent plus leurs heures ou presque. Sur une formation de 10 mois, tout le début d’année est alloué à la mise en place du projet. « Nous avons eu des heures théoriques en cours pour cela, mais aussi des heures où nous mettions en pratique. » Ce cursus de 10 mois semble être une réussite pour l’équipe enseignante. « Il y a autour de 80% de réussite chaque année », estime Christophe Lavialle. « La formation courte permet d’attirer un public adulte qui souhaite une reconversion, qui n’a pas forcément envie de se plonger de nouveau dans une formation longue de 24 mois. » Cette formation continue, après une interruption d’études, est financée par la région et chapeautée par le Ministère de l’agriculture.

Sapins frais

Dans l’enceinte du lycée d’enseignement général technique et agricole de Courcelles-Chaussy, environ 400 sapins sont serrés, branches contre branches. « La majorité du stock est là », explique Stéphanie Hilt. Ils seront tous vendus, si tout va bien, plus deux autres centaines. La vente est, bien sûr, principalement à destination des particuliers du secteur qui n’ont pas forcément d’autres possibilités pour acheter des nordmann ou des épicéas. Une centaine environ est vendue aux mairies et collectivités. « Je suis du secteur, c’est pratique, les sapins sont beaux », explique Anne-Sophie, qui est fidèle aux étudiants depuis le début. « C’est surtout par proximité et parce que dans le coin, on n’a pas beaucoup de possibilité. » La beauté des sapins tient surtout au fait qu’ils sont coupés peu de temps avant la vente. « Ils sont frais, ils arrivent des Vosges et de l’Alsace, d’un producteur avec lequel l’école travaille depuis deux ans. »

Les bénéfices de cette vente servent à l’association des étudiants pour financer des voyages de fin d’année, mais pas que. « Nous reversons chaque année environ 1/3 des bénéfices à l’association des chiens guides du Grand Est », indique Stéphanie Hilt. L’année dernière, ce montant a atteint 2500€.


 

« Sensibiliser au handicap »

Questions à Raymond Ney, directeur de l’Association des chiens guides du Grand Est.

Depuis quand dure ce partenariat ?

Le partenariat a été mis en place il y a 15 ans environ. Derrière cette action, il y avait notamment la volonté du lycée de mettre en place une action commerciale, mais aussi solidaire. D’autres actions avaient été mises en place de manière plus ou moins régulières. Nous tenons un stand d’informations pendant les portes ouvertes du lycée. L’année dernière, nous sommes intervenus à la demande de l’équipe d’éducation pour sensibiliser, notamment les élèves à la question du handicap, avec un parcours en aveugle, entre autres.

Ce partenariat est-il bénéfique pour les étudiants ?

C’est l’impression que j’en ai, oui. Les étudiants découvrent le handicap, la condition de handicap. Au-delà d’un simple aspect pédagogique, sur un plan scolaire, cette action leur permet de découvrir le handicap, de le comprendre, mais aussi de les sensibiliser au handicap.

Et qu’est-ce que ce partenariat apporte à l’association ?

Au-delà d’un strict aspect financier, cela apporte de la visibilité à l’association. Par exemple, il y a des banderoles de l’association devant le stand de sapins. Tous les ans, il y a un petit battage médiatique autour de l’opération, des articles dans la presse, des reportages. C’est notamment vrai au moment de la remise de chèque à la fin de l’opération.

Donc cet aspect financier rentre bien en compte ?

Oui et non. On a un budget de 2 millions d’euros. Nous avons jusqu’à 40 000 lignes de dons dans nos fichiers de comptabilité de fin d’année. Avec une amplitude de dons gigantesque. De quelques euros à des milliers. L’année dernière, la vente de sapins a permis de nous reverser 2500€. Encore une fois, cet aspect financier rentre en compte parce que chaque don est bon à prendre, c’est un cadeau. Mais financièrement, c’est une goutte d’eau dans un océan.

 

Lucas HUEBER

-> Du lundi au vendredi (17h-19h) et le week-end (10h-19h le samedi et le dimanche). LEGTA, 1-3 Avenue d’Urville, 57530 Courcelles-Chaussy. Renseignements et réservations auprès de l’Aclacc au 07 82 94 46 98 ou par mail à laclacc.cfppa57@yahoo.fr

Conseiller et écouter la clientèle, un élément central du projet étudiant. ©Lucas HUEBER
Conseiller et écouter la clientèle, un élément central du projet étudiant. ©Lucas HUEBER