En politique, les réseaux sociaux se sont taillé une place de choix. Même les élus locaux en profitent pour soigner leur image.

Le réflexe des réseaux chez les politiques a explosé en France depuis les dernières élections présidentielles, en avril. Entre le succès d’Emmanuel Macron sur Instagram et les émissions YouTube de Jean-Luc Mélenchon, on observe pourtant quelques dérives et ratés. Comme, par exemple, l’intervention déplacée de Raquel Garrido – députée La France Insoumise – sur le compte Snapchat d’une star de la télé-réalité, Jeremstar, en octobre dernier.

Un adjoint au maire connecté

5,000 sur Twitter et je dois être à plus de 9,000 sur Facebook”, énumère Thomas Scuderi à propos de ses abonnés. Cet adjoint au maire de Metz, à la citoyenneté et à la démocratie participative, est un adepte des médias sociaux. On ne résiste pas à l’envie de définir cet élu local par ses chiffres. Chaque jour, des milliers d’abonnés suivent sa journée sur Facebook, Twitter, Instagram, LinkedIn et même sur Snapchat. Thomas Scuderi est partout, tout le temps. Un véritable “marketing influencer” – personne très populaire et influente sur les réseaux – de la politique.


Interview de Thomas Scuderi autour des réseaux sociaux en politique. 
Réalisation : Clément Di Roma & Alexis Zema

Un échange plus « naturel »

Pionnier de la communication numérique à la mairie de Metz, l’élu local explique que son dialogue avec les Messins est facilité. “Il y a même plus de gens qui m’écrivent pour me poser des questions via les réseaux que par le circuit traditionnel […], le secrétariat”, raconte Thomas Scuderi. Selon lui, passer par les réseaux est “plus simple pour les gens, en me posant une question sur Messenger par exemple, il y a quelque chose d’assez naturel”. Il était déjà un fidèle de Facebook avant son élection, en 2008. 

La notion de proximité semble être au centre de sa démarche d’hyper-partage. Un sens de la communication et du numérique qui peut porter ses fruits en politique, surtout locale. “D’un coup vous êtes identifié comme étant accessible” analyse l’élu. Mais à une condition, celle de l’être réellement et de faire fonctionner le dialogue dans les deux sens. Pour Thomas Scuderi, également enseignant vacataire à l’Université de Lorraine, certains élus font l’erreur d’une “absence d’interactivité. C’est contre-productif de ne pas répondre” souligne-t-il. L’adjoint au maire prétend d’ailleurs s’y engager. Une promesse pas toujours simple à tenir : “J’ai beaucoup de retours et c’est compliqué de répondre à tout le monde”.

Le profil Twitter de Thomas Scuderi. Bientôt les 5.500 abonnés pour cet adjoint au maire.

Vie privée, image publique

Très actif sur Facebook, il y poste régulièrement ses activités d’élus mais aussi des photos de son chien, de ses vacances et voyages, ou encore des selfies. “Je ne rentre pas dans les détails, je ne raconte pas ma vie personnelle, intime”, se défend l’élu. Il reconnaît pourtant que son sens du partage est “peut-être une erreur, certains responsables politiques me le disent, même ma mère me le dit !”. Mais il estime avoir trouvé un juste milieu.

Mon objectif n’est pas de donner une image [positive de lui-même, ndlr], mais je le fais peut-être inconsciemment”, reconnaît l’adjoint. Il explique même avoir été surpris par certaines questions sur sa pratique du partage social. “Ce sont des médias qui sont venus me dire que c’était ma popularité sur les réseaux qui faisait ma légitimé politique […] j’en prends conscience”, admet-il, étonné. Selon Thomas Scuderi, l’avantage de médias sociaux comme Twitter, c’est avant tout la “possibilité de viralité” qu’ils proposent. Un moyen de communication parfois “plus efficace que certains médias traditionnels”.