Epad ça chez nous !

 

La relève Sarkozy est arrivée ! C’est  au tour du fils Jean de venir squatter les médias, avec des airs de donneur de leçons que l’on peut définitivement imputer à la génétique. Objet du litige ; le départ de Patrick Devedjan de la tête de l’Etablissement Pour l’Aménagement de la Défense, un des plus importants quartiers d’affaire européens. Son remplacement par le cadet Sarkozy, âgé d’à peine vingt-trois ans, suscite évidemment beaucoup d’émotion. Selon un sondage CSA pour Le Parisien, 51% des sympathisants de droite estiment que cette arrivée constitue « plutôt une mauvaise chose ». L’intéressé ne s’en offusque pas, au contraire, il le revendique ! Il est jeune, idéaliste, veut se consacrer corps et âme à la communauté, en brassant joyeusement les milliards des contribuables !

Les vastes moqueries d’Internet et du monde entier, notre Prince Jean ne les comprend pas,  puisqu’il a tout fait comme Papa : accéder au poste de conseiller général des Hauts-de-Seine après avoir trahi David Martinon, escalader en urgence les échelons politiques avec une soif de pouvoir inextinguible. L’Epad n’est qu’une suite logique à cette incroyable ascension.  La comparaison avec Papa est pourtant imparfaite. Car le fiston, tout juste en deuxième année de droit, péchote pas mal coté études. D’où la sensation que Jean bénéficierait d’un piston doré pour accéder aux manettes de l’Epad.

 

« Nenni ! », se sont écriés de concert les serviteurs de Nicolas, dénonçant un dénigrement systématique de tout ce qui s’appelle Sarkozy : « pas de nomination mesquine, mais une élection légitime ». Soit. Seulement ça ne change rien au problème ; le fait d’être fils de influence en lui-même le vote. Pour que cet argument de la droite soit valable, Jeannot Sarko aurait dû depuis longtemps prendre moult précautions, comme l’usage d’un pseudo, pour faire oublier son nom. Il insiste pourtant, le bougre, apparaissant au journal de France 3 cheveux courts et lunettes au nez. Le message est clair ; cette élection, c’est l’élection de la maturité.

 

L’empressement du gouvernement à vouloir classer au plus vite cette polémique n’est peut-être pas si innocent que ça. Rue 89 dévoile la situation financière plus qu’opaque de l’Epad, qui devrait fusionner avec l’Etablissement Public d’Aménagement Seine-Arche pour se refaire une santé. Si l’opération, rendue possible à coups de décrets brouillons, aboutissait, Jean Sarkozy se retrouverait aux commandes de tout l’ouest parisien. Quelle incroyable prescience chez ce jeune homme d’avoir senti le vent tourner en faveur de l’Epad ! A moins qu’un certain N. S. lui ait soufflé l’idée quelques temps auparavant…

 

Néanmoins, si la voie électorale prônée par la droite n’est pas un monument de mauvaise foi, cette histoire ne peut que redonner espoir aux jeunes. Si, à vingt-trois ans, sans même un DEUG, on peut fièrement candidater à la direction d’une forteresse comme l’Epad, tous les Bac +2 minimum sont soudain revalorisés ! Mais, en cas de préférence pour un certain Sarkozy moins diplômé qu’eux, ils sont en droit de dénoncer ouvertement l’entourloupe. Sarko Ier l’a rappelé dans l’un de ses discours cette semaine : « la réussite, ce n’est plus le fait d’être bien né, c’est de travailler dur ». Tout pareil pour la colère des gens : il ne suffit pas de s’appeler Sarkozy pour la récolter, il est des cas où on l’a méritée.

Raphaël da Silva.