L’eurodistrict SaarMoselle, regroupant les intercommunalités de Sarrebruck et de Moselle-Est, a été créé en mai 2010. Aménagement du territoire, apprentissage de la langue, développement économique, telles sont les missions de cette nouvelle entité transfrontalière, co-dirigée par Gilbert Schuh, maire de Morsbach.

Pour quelles raisons vous êtes-vous constitués en eurodistrict en mai dernier ?

« Nous avons souhaité gagner en crédibilité institutionnelle et passer d’un statut privé (association) à un statut public. »

Quelles sont les missions menées par SaarMoselle ?

« Il faut savoir que nous sommes un GECT (groupement européen de coopération territoriale) exclusivement constitué d’intercommunalités. Concernant les missions de notre eurodistrict, elles sont très diverses : nous travaillons à l’aménagement du territoire par l’amélioration du service des transports en commun et la création de 330 km de pistes cyclables et de randonnée pédestre ; nous nous occupons de la gestion des urgences médicales pour rendre plus efficace la prise en charge des patients, quelles que soient leur nationalité et leur lieu d’hospitalisation au sein du district. Les autres missions sur lesquelles nous travaillons actuellement sont l’apprentissage de la langue du voisin et le développement économique de part et d’autre de la frontière. »

D’où proviennent vos financements ?

« On peut estimer notre budget à hauteur d’un million d’euros. Nous percevons 0.80 euros par habitant en sachant que le district compte 600 000 contribuables environ. De plus, le FEDER (fonds européen de développement régional) nous accorde également des subventions européennes. »

Comment les intercommunalités françaises et allemandes sont-elles représentées au sein de SaarMoselle ?

« L’eurodistrict est composé d’une assemblée de 62 délégués intercommunaux. La parité étant exigée, il y a 31 français et 31 allemands membres proposés par chaque intercommunalité. Le nombre de représentants dépend du poids démographique de l’intercommunalité. Ces délégués élisent un président et un vice-président pour deux ans. Il y a alternance entre Français et Allemands : cette année, le président est allemand (Charlotte Britz, maire de Sarrebruck) et je suis le vice-président français ; la prochaine fois, nous aurons un président français et un vice-président allemand. Les projets à mener sont proposés par un comité directeur composé de 6 membres français et de 6 allemands élus par l’assemblée. »

Les collectivités transfrontalières européennes ne risquent-elles pas d’alourdir le millefeuille territorial français ?

« Effectivement, c’est une structure qui s’ajoute aux échelons territoriaux nationaux mais ce nouveau statut ne nous confère pas de compétences propres. Nous avons des missions, des projets mais pas de compétences comme peuvent en avoir la région ou le département français. L’eurodistrict est un organe  dont l’objectif exclusif est d’améliorer la vie des citoyens frontaliers. »

A l’heure de la construction d’une Europe politique, risque-t-on de voir ce genre de collectivités transfrontalières se multiplier voire se généraliser ?

« Nous allons vers une Europe de métropoles transfrontalières. Avant la création de l’eurodistrict, notre territoire comptait peu mais depuis ce changement de statut, nous gagnons petit à petit en influence. Au-delà de 500 000 habitants (SaarMoselle compte plus de 600 000 habitants), on parle de développement endogène, c’est-à-dire que nous sommes assez grand pour être une collectivité à part entière.  Sur le long terme, notre objectif est de transformer notre agglomération en une véritable métropole européenne. »