650 emplois contre les 1000 promis. Le projet de délocalisation à Metz de l’INSEE déçoit le 1er adjoint au maire de Metz, Richard Liogier qui accuse l’Etat de manquer à sa parole.

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Richard Lioger, 1er adjoint au maire de Metz

En 2008, le président de la République, Nicolas Sarkozy, s’était engagé à créer 1000 emplois en délocalisant à Metz des services de l’INSEE (Institut national de la Statistique et des Etudes Economiques). Cette arrivée doit compenser en partie les départs dus à la restructuration de la carte militaire qui a fortement pénalisé Metz et sa région. Aujourd’hui on parle de seulement 625 emplois, et le programme d’installation n’est pas encore fixé.

 

 

Avec l’arrivée de l’INSEE, combien de postes vont-ils être créés ?

1000 postes étaient annoncés. Aujourd’hui, on sait que le nombre d’emplois créé se situera autour de 625.

 

Déçu ?

Forcément. On ne peut que rappeler la promesse qui nous a été faite par l’Etat… Notre seul pouvoir est d’alerter la presse. L’Etat ne tient pas ses promesses. On travaille d’arrache-pied sur ce dossier. Ce projet, j’y crois à fond.

 

Ce projet est-il une délocalisation de l’INSEE ou bien la création d’une nouvelle antenne ?

C’est bien une délocalisation puisque ce sont des postes déjà existants à Paris qui partiront à Metz, avec ou sans les personnes qui leur sont attachés. Un tiers des effectifs sera recruté sur place selon les prévisions. L’INSEE a aussi contacté l’Université de Metz pour savoir s’il y avait des profils spécialisés en statistiques et susceptibles d’être recrutés.

 

Comment cette délocalisation est-elle perçue par les salariés parisiens ?

Forcément, les syndicats étaient très réticents. Au début, il y avait un blocage. Mais il faut percevoir ce projet d’un point de vue plus général. Il faut aussi que les activités se passent ailleurs qu’à Paris.

 

Quel est le lieu d’implantation prévu ?

Il n’est pas encore fixé. L’Etat propose un projet peu satisfaisant. Il veut racheter l’ancienne gare qui sert actuellement de direction régionale à la SNCF, la céder au ministère des Finances et réhabiliter ces bâtiments pour l’arrivée de l’INSEE. Ce scénario est trop long, 50 mois, et vendu trop cher, 50 millions d’euros. Ce n’est pas sérieux, d’ici-là, il peut y avoir beaucoup de changements.

Nous proposons un autre scénario : la construction et l’achat de deux immeubles en face du centre Pompidou disponibles dans deux ans, avec un coût maximum de 40 millions d’euros. Ce plan a aussi l’avantage de réaliser le déménagement de l’INSEE en une seule fois. Alors que celui de l’Etat se ferait en trois étapes.

 

Quand saurez-vous quel scénario a été choisi ?

Notre proposition a été envoyée au ministère. La décision devrait être prise à Matignon dans les jours qui viennent puisqu’elle a un impact sur le budget prévisionnel 2011.

 

Quelles conséquences pour la ville ?

Ce sont des conséquences plus d’ordre sociologique. On passe d’une ville de garnison, à une ville plus basée sur les services. Economiquement, on va s’y retrouver, ce sont des salariés qualifiés avec des hauts salaires.

 

D’autres projets ont-ils été mis en place pour compenser les pertes d’emplois liés à la restructuration de la carte militaire, on parle d’une perte de 6000 postes ?

On a quelques petites pistes pour compenser. Le centre du CIRA (centre interministériel de renseignements administratifs) emploie actuellement une quarantaine de personnes. Le but est d’atteindre la centaine d’employés. Il y aussi le centre Pompidou qui a recruté une centaine de personnes. Actuellement, on espère aussi accueillir des sièges sociaux d’entreprises.

De toutes les façons, c’est à nous de nous bouger, pour devenir un territoire plus attractif, pour faire venir les entreprises. On ne peut pas compter uniquement sur l’Etat.