fripière

Bénédicte Vannson a fêté les cinq ans de sa friperie Le Bardak, début octobre. Après un master d’anthropologie, des postes administratifs plutôt précaires, elle décide de changer complètement de métier. Rien ne la prédestinait à devenir fripière, mais aujourd’hui c’est ici qu’elle se sent libre, à Metz.

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Bénédicte a débuté la vente à l’ancienne, avec cette caisse, et sans système de carte bleue. Crédit photo : Claire-Marie Luttun

« J’ai remarqué qu’à l’anniversaire de la friperie je suis plus excitée qu’à mon propre anniversaire ». Derrière la caisse rétro de sa boutique, Bénédicte raconte son parcours. À ses 31 ans, elle profite d’une période de chômage pour suivre un stage de découverte en cordonnerie : pas son truc, elle finit par penser à la fripe. « D’un seul coup je me suis vue dans un espace où on pourrait bricoler, coudre, discuter avec les gens et en même temps vendre des fripes ». Souvent cliente, elle ne se serait jamais imaginé ouvrir sa propre boutique à Metz. « Quand j’ai annoncé à mon groupe de chômeurs en réorientation que j’allais devenir fripière, tout le monde a rigolé, ils ont dit que ça ne marcherait jamais ! »

Mais l’idée fait son chemin, et plus rien n’arrête la jeune femme. Après quelques salons de créateurs d’entreprise, un rendez-vous chez le banquier non concluant, elle lance un appel à ses proches pour réunir 15 000 euros. Au bout de deux ans d’ouverture, le travail paye : Bénédicte peut rembourser tout son entourage et vivre convenablement.

Un lieu unique

Messine d’origine, la fripière a choisi le quartier Outre-Seille pour y démarrer son affaire. « Je voulais ouvrir une vraie friperie à l’ancienne, avec mes découvertes ». Au Bardak, on peut retrouver des vêtements qui ont traversé un siècle et qui sont arrivés ici en très bon état : « C’est ça qui est bien dans une friperie, ça brasse toutes sortes de gens, de tous horizons. Il y a des fringues qui ont été portées pendant la chute du mur de Berlin, le front populaire, ou dans les années 80 pour faire la fête…», raconte-elle en riant.

Une garde-robe aura marqué la fripière, celle d’une norvégienne décédée dans la Meuse, dont elle a récupéré quelques pièces. Elle avait fabriqué tous ses vêtements en s’inspirant de modèles de luxe : « à chaque fois que je vendais une pièce, j’étais contente que la personne ait vu le potentiel du vêtement et je lui racontais l’anecdote ! ».

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Bijoux, pins, vêtements pour hommes, femmes et enfants : on trouve de tout au Bardak. Crédit photo : Claire-Marie Luttun

« Je ne voulais pas me retrouver piégée »

Lorsqu’elle parle de la gestion de sa petite entreprise, Bénédicte ne mentionne pas de difficultés particulières. « C’était pas compliqué par rapport à d’autres commerces, il suffit d’être débrouillard, un peu organisé et ça marche ». Ouvrir une friperie ne demande certes pas de diplômes ni d’équipements spéciaux, mais beaucoup d’inventivité, et c’est peut-être aussi parce qu’elle met du cœur à l’ouvrage que la boutique ne désemplit pas.

En ouvrant son commerce, Bénédicte avait la volonté de conserver une certaine liberté : « je ne voulais pas me retrouver piégée, comme d’autres commerçants qui attendent le client jusqu’à 19h, et ne prennent qu’une semaine de vacances à l’année », assure-t-elle. Alors si la jeune femme affirme qu’elle ne gagne pas énormément, elle ne s’en plaint pas. Ici, elle choisit ses articles, la déco, la musique. Elle interroge même ses clients sur les horaires d’ouverture qu’ils souhaitent pour changer régulièrement et « casser la routine ». Récemment, la fripière a fait appel à une amie, qui tient la boutique quelques heures par mois. « Je gagne encore moins mais j’ai plus de temps libre pour moi, pour mon fils, et c’est important ».

Claire-Marie Luttun