Entre maquillage à paillettes, string et soutien-gorges rembourrés, les codes de la sexualité, réservés aux adultes, s’invitent dans l’univers des fillettes. Chantal Jouanno, sénatrice UMP, a rendu le 5 mars un rapport sur l’hypersexualisation des enfants.

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La sénatrice dénonce une « pornographisation culturelle ».

Egéries de grandes marques, des enfants posent dans des postures suggestives, juchées sur des talons d’une dizaine de centimètres. A la télévision et sur la toile, les hommes roulent des mécaniques tandis que les femmes papillonnent, les clips vidéos ne sont pas là pour favoriser l’égalité des sexes. Cette profusion d’images provocantes constitue le principal champ de bataille de la sénatrice UMP. Dans ce rapport, Chantal Jouanno met en garde sur une hypersexualisation des sociétés occidentales. Elle dénonce même une « pornographisation culturelle ». Après avoir conquis les États-Unis et la Grande Bretagne, le phénomène ferait son apparition en France depuis quelques années.

Quelles solutions ? « Interdire, comme au Royaume-Uni, que les enfants puissent être l’égérie des marques avant 16 ans. Interdire l’organisation de concours de beauté,  quelle que soit leur dénomination, avant 16 ou 18 ans. » La sénatrice insiste sur la nécessité de contrôler le contenu publié sur Internet en créant une cellule spécialisée au sein du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).

Un rapport sans demi-mesure
La marche du Sénat ne s’arrête pas au web. Les couleurs et les coupes des vêtements pour enfants seraient aussi réglementées : pas de sous-vêtements noirs, des pantalons taillés à l’identique pour les filles et les garçons. Quant aux concours de mini-miss, Chantal Jouanno veut les supprimer, ou à défaut les ouvrir aux garçons. Pas sûr que l’arrivée des mini-misters change la donne.
La sénatrice évoque aussi l’instauration du port de l’uniforme dans les écoles. Dans une interview à BFM TV, elle admet pourtant que cette mesure est plus efficace contre les clivages sociaux que contre l’hypersexualisation des enfants.

Toujours inspirée du modèle britannique, la sénatrice souhaite faire signer une charte aux sociétés de prêt-à-porter. Pour protéger les moins de 12 ans, ces dernières s’engageraient à respecter les principes préconisés par le rapport. Et la population veillera au grain. Un site public serait créé pour permettre de dénoncer la vente de produits considérés comme outranciers. Dès qu’une société se verrait dénoncée à plusieurs reprises, son nom pourrait être diffusé par les chaînes de télévisions. Ce système appelé « Name and Shame » se base uniquement sur le jugement personnel des citoyens. Reste à imaginer  les dérives qui peuvent être induites par ce type de dispositif, surtout qu’aucune modération n’est prévue.

A la limite du contrôle social
Il paraît louable de vouloir réguler une forme de surexposition des enfants dans des tenues ou positions dites inappropriées. Concrètement, l’élaboration de ce type de limites est complexe car dépendante d’une sensibilité personnelle. Où placer la barrière entre protection de l’enfance et intrusion dans la vie privée des familles ? Chantal Jouanno anticipe la critique «  le contrôle social le plus puissant et potentiellement le plus injuste est « intériorisé », lorsqu’il a été transmis par la famille ou les cercles de socialisation. Aussi, peut-on considérer que la loi évite l’arbitraire et reste le meilleur garant de l’égalité. »
Pourtant, les enfants et adolescents ne sont pas toujours dupes quant à la différence entre image et réalité. Même si les adultes doivent protéger les enfants de la pornographie, les jeunes construisent aussi leur propre vision de la sexualité.