Écrivain, éditeur, rédacteur en chef et chef d’entreprise. Adrien Bosc, à seulement 29 ans, multiplie les initiatives et les expériences. Et ça marche ! Le Grand Prix du roman de l’Académie Française 2014 pour son livre « Constellation » a accepté de se dévoiler durant plus d’une heure lors d’un Grand Entretien réalisé dans le cadre du festival « Le Livre à Metz » .

Il connaît les lieux par cœur. C’est la troisième fois qu’il vient à Metz au festival « Littérature et Journalisme ». Adrien Bosc vient pour partager ses expériences, analyser certaines œuvres, échanger avec ses lecteurs. Mais cette fois, il s’est prêté au jeu d’un exercice particulier : parler de lui, de ses inspirations, de son livre. Durant une heure, Eric Valmir, journaliste à France Inter, l’a questionné sur ses nombreuses professions. Qu’il soit dans la peau de l’éditeur, de l’écrivain, du rédacteur en chef ou du chef d’entreprise, il y a toujours cette même sincérité et cette même passion.

L’enseignement supérieur comme ouverture à la littérature

Après des études de lettres et de philosophie à Paris qui lui ont fait découvrir la littérature française et étrangère, Adrien Bosc intègre le monde de l’édition chez Allia. « J’ai découvert une entreprise fait de passionnés où l’on essaye de présenter au plus grand nombre tout ce qu’il se fait dans le monde » , décrit-il. Ce stage va faire germer en lui une idée : créer une revue faite d’articles et de grands reportages qu’ils soient français ou étrangers. « J’ai toujours été attiré par le journalisme de récit. Mes inspirations viennent de Norman Mailer, Tom Wolfe ou encore Gay Talese qui sont de grands reporters et qui ont réussi à retranscrire des réalités incroyables ».

Adrien Bosc lance donc en septembre 2011 la revue « Feuilleton » . Celle-ci fait la part belle à de longs articles d’actualité en contradiction totale avec le journalisme actuel fait d’immédiateté. « Je pense qu’à  « l’immédiateté » répond toujours un besoin contraire. Nous prenons de la distance en montrant que tout n’est pas noir d’un côté et tout blanc de l’autre. Nous présentons nos articles et laissons juger de la situation à nos lecteurs par leur esprit critique », développe Adrien Bosc.

En 2013, il lance le petit frère de « Feuilleton » nommé « Desports » . Le même style, la même intention mais pour le sport. Ce passionné de boxe devient rédacteur en chef de deux revues qu’il regroupe sous les éditions « Sous-sol », maison qu’il a lui même fondée. « Des investisseurs m’ont aidés à me lançer mais j’ai également fait des emprunts pour ce projet. Il y a bien sur une peur en temps que chef d’entreprise mais aussi de l’excitation car j’avais seulement 25 ans. C’était un peu mon année universitaire aux Etats-Unis ».

« Je ne me définis pas comme journaliste »

Être double rédacteur en chef lui donne t-il pour autant le statut de journaliste ? « Non, je ne me définis pas comme journaliste. Je ne vais pas sur le terrain. Mon métier c’est d’éditer et de traduire des articles de journalistes étrangers », détaille t-il. Pourtant, lorsqu’il évoque passionnément le travail qu’il a fourni pour écrire son livre « Constellation », cela pourrait s’assimiler à du journalisme. Le livre raconte les histoires personnelles des 48 personnes et membres d’équipage morts dans le crash de l’avion « Lockheed Constellation » le 27 octobre 1949 dans l’archipel des Açores.

Une documentation conséquente sur les violons de Ginette Neveu, décédée dans le crash, des interviews ou des échanges par mails effectués avec les descendants de certaines victimes ou encore un déplacement sur les lieux de l’accident aux Açores. Mais Adrien Bosc reste sur sa position : pour lui ce n’est pas du journalisme. Cela fait partie aussi du travail d’un écrivain se basant sur un fait divers réel.

Durant le Grand Entretien, il semblait comme habité par les histoires personnelles des victimes du crash. « En me nourrissant des journalistes de récit comme Gay Talese, je suis maintenant persuadé que chaque vie à sa propre grande Histoire. Dans une vie il y a toujours des moments de décisions, de choix, qui vont conditionner notre futur même pour les personnes non médiatisées. Et c’est cela que je voulais montrer. » Il voulait surtout rendre hommage aux hommes et femmes victimes de ce crash dont la mort avait été éclipsée par la présence à bord du célèbre boxeur Marcel Cerdan, allant retrouver sa maîtresse Edith Piaf à New York, et de la violoniste Ginette Neveu.

Editeur, chef d’entreprise, rédacteur en chef, ou encore écrivain. La vie d’Adrien Bosc est bien remplie. Actuellement, son deuxième roman est en cours d’écriture. « Je suis très superstitieux alors je ne peux pas vous dire encore sur quoi », rigole t-il.  Et vu sa réussite, il a raison de continuer à l’être.

Qu’apporte à Adrien Bosc la rencontre avec ses lecteurs ?