Loin des clichés qui réduisent l’équitation à un simple loisir porté par le cheval, le témoignage de Viviane Arnaud, gérante de la partie club de l’Étrier de Moselle, permet de mieux comprendre les réalités de ce milieu exigeant. Entre technique, engagement physique, relation à l’animal, apprentissage de la patience et enjeux de bien-être, l’équitation se révèle comme un véritable sport, complet et structuré, où chaque cavalier doit tisser un lien avec sa monture.
Créé il y a plus de 30 ans par Richard Jeandel et son épouse, l’Étrier de Moselle à Peltre fait figure de référence régionale. Ce centre équestre a été construit et développé par cette famille de passionnés, qui a connu une évolution interne. L’un des gendres, déjà cavalier et impliqué dans la valorisation des chevaux, a repris la gestion de la partie propriétaire et des compétitions. Le couple ayant des missions distinctes et exigeantes, ils ont pris la décision de confier la gestion de la partie club à une personne extérieure : Viviane Arnaud.
Ancienne salariée d’un autre centre équestre, Viviane Arnaud a passé plus d’une dizaine d’années au cœur de l’enseignement avant de se lancer en indépendante. Elle intervient alors ponctuellement à l’Étrier de Moselle en gérant la partie club du centre équestre. Pour elle, cette proposition relève de l’inattendu : “Acheter une structure équestre près de Metz coûte des millions d’euros. Pour quelqu’un qui a été salariée au SMIC, c’est inaccessible. Grâce à la location, j’ai pu réaliser mon rêve.”, témoigne-t-elle.
Depuis deux ans, elle assume donc la direction de l’enseignement et de l’accueil des cavaliers non-propriétaires, tandis que les propriétaires historiques continuent de gérer les boxes, la valorisation et les ventes de chevaux.
Un sport exigeant techniquement et physiquement
Deux fois par an, le centre équestre organise des concours officiels de saut d’obstacles et de dressage. Ces deux événements annuels demandent plusieurs mois de préparation. Viviane Arnaud est témoin des efforts fournis par ses cavaliers, qui luttent contre les idées reçues pesant sur leur discipline.
Que ce soit sur les réseaux sociaux ou autour d’elle, la gérante du club constate avec regret que beaucoup de personnes pensent encore que pratiquer l’équitation ne demande aucun effort physique de la part du cavalier.
Face à ce cliché, Viviane Arnaud ne mâche pas ses mots : “Je pense que les gens qui disent que l’équitation n’est pas un vrai sport, ce sont des gens qui n’ont jamais pratiqué. Donc c’est toujours très facile de juger quelque chose qu’on n’a pas essayé et qu’on n’a pas testé. Moi, je peux vous garantir que tous ceux qui disent que ce n’est pas un sport regrettent rapidement leurs propos. Dans ces cas-là, je leur donne un cheval qui n’est pas très confortable et en sortant de la séance, ils n’arrivent même plus à marcher ! Au début, ils font les fiers, mais ils déchantent assez vite lorsqu’ils réalisent qu’il faut faire avancer le cheval tout en se maintenant en équilibre, ce qui demande beaucoup de gainage. Surtout quand le cheval avance à bonne allure.”, assure-t-elle avec un grand sérieux.
Plus qu’une discipline, l’équitation peut être une thérapie
En plus d’être un sport recommandé pour la rééducation du dos – grâce au renforcement progressif de la ceinture abdominale et au travail postural – l’équitation peut avoir un effet thérapeutique sur certaines personnes sensibles face aux animaux. Cette thérapie porte un nom : l’équithérapie.
C’est une pratique qui consiste à permettre à des personnes d’approcher des chevaux pour se sentir apaisées. Viviane Arnaud en reconnaît les bénéfices : “Être dans un environnement naturel, avec un animal très réceptif, c’est un moment privilégié. C’est un moment où l’on doit être calme pour ressentir les bienfaits de la thérapie.”, déclare-t-elle.
Dans ce domaine, Viviane Arnaud fait parfois appel à un intervenant pour permettre à des personnes atteintes d’un handicap de pouvoir monter à cheval tout en s’intégrant à un cours d’équitation classique. Elle précise toutefois que, si le handicap est trop important, le centre équestre est en capacité de proposer des cours particuliers : “Le but, c’est que l’animal et le cavalier soient dans les meilleures conditions possibles.”, affirme-t-elle.
Le lien entre le cavalier et sa monture : lucidité, patience et persévérance
Si l’équitation demande de l’effort physique, ce sport requiert aussi beaucoup d’empathie. Tisser un lien avec le cheval que l’on monte est fondamental pour réaliser de bonnes performances : “Certains sont réceptifs, d’autres non, comme dans les relations humaines. Et au club, on doit être capable de monter différents chevaux, pas seulement celui avec lequel on a un coup de cœur.”, dit-elle presque fermement.
Si Viviane Arnaud semble catégorique sur ce sujet, c’est parce qu’elle met un point d’honneur sur la patience que nécessite la construction du lien de confiance entre le cavalier et sa monture : “Chaque cheval a son caractère, c’est comme les êtres humains ! Parfois on peut avoir le feeling ou alors on peut ne pas comprendre son cheval. C’est pour ça qu’au centre, on met tout en œuvre pour accompagner le cavalier afin qu’il soit à l’aise avec sa monture, et vice-versa.”, assure-t-elle avec bienveillance.
Malgré tout, il arrive parfois que la gérante reçoive des critiques injustifiées envers ses chevaux : des cavaliers impatients qui remettent la faute uniquement sur leur monture. Ce genre de comportement n’est pas acceptable au sein du club et peut même entraîner un refus d’adhésion.
Au même titre que l’effort physique, l’empathie et la confiance envers le cheval est une nécessité du sport équestre, qui n’est pas une évidence pour tous ceux qui s’essaient à cette discipline. C’est donc à travers les compétitions et les cours que l’équitation continue de se faire une place dans le domaine sportif malgré les préjugés.