Je m’appelle Vidock, je suis un chien guide, et je veux vous raconter mon histoire. Pas celle qu’on imagine souvent, nourrie de câlins et de jeux, mais celle d’un vrai travailleur, formé avec patience et amour pour aider ceux qui en ont besoin.
Ma naissance : déjà une sélection
Dès mes premiers jours, tout a été pensé pour me préparer à mon futur métier. On a stimulé
mes sens, renforcé mon immunité et ma sociabilité. Seuls mes frères et sœurs au
tempérament équilibré et à la santé solide ont été choisis pour devenir, comme moi, des
guides. Je suis un labrador, comme tous mes collègues de Woippy, près de Metz, en
Moselle, car nous sommes une race réputée pour son intelligence et sa grande adaptabilité.
Mon enfance : l’apprentissage en famille d’accueil
Vers l’âge de deux mois, je quitte l’élevage pour rejoindre une famille d’accueil. Cette
période est décisive. J’apprends avant tout à être un bon chien de compagnie. Dans un
second temps ma famille participe à mon éveil et à ma socialisation en me laissant les
accompagner pour leurs activités du quotidien. Sans cette immersion dans la vie de tous les
jours, je ne pourrais pas devenir le guide fiable que je suis aujourd’hui. Bien que ce ne soit
pas toujours facile pour eux comme pour moi, Dominique Guiot, l’un de mes éducateurs au
centre de Woippy, rappelle toujours que « le chiot a exactement les mêmes droits que le
chien guide en activité ».

Les chiots arrivent au centre à l’âge de deux mois pour rencontrer leur famille d’accueil.
Ma formation : deux ans pour devenir un professionnel
Vers dix mois, ma vraie formation commence avec un éducateur spécialisé. Je change de
foyer pour ma famille week-end. Pendant près de 9 mois, j’apprends à anticiper les
trajectoires, reconnaître et contourner les obstacles, et accompagner avec mon harnais, car
on m’enseigne à prendre des décisions pour assurer la sécurité de mon futur maître. A la fin
de ma formation je passe un examen, le C.A.G (Certificat d’Aptitude au Guidage) qui, une
fois réussi, me permettra d’exercer ma mission.
La rencontre qui a tout changé
Je ne suis plus seulement un chien, je suis devenu « un partenaire de mobilité ». Un jour, on
m’a présenté à mon humain. Pendant deux semaines, nous avons appris à nous connaître,
d’abord à l’association, puis chez lui. On a ajusté nos habitudes, appris à se faire confiance.
Et depuis, je ne le quitte plus. Je lui évite les obstacles, je trouve les arrêts de bus, les
distributeurs, les places libres… Mais surtout, je lui ai rendu sa liberté.
Notre mission va au-delà du guidage
Nous ne sommes pas que des yeux. Nous redonnons confiance, autonomie, et même une
certaine forme de liberté. Derrière nous, il y a toute une chaîne de bénévoles, de familles
d’accueil, d’éducateurs et de donateurs sans qui rien ne serait possible.
Alors, la prochaine fois que vous croiserez un chien guide avec son harnais, souriez-lui. Il
n’est pas seulement en train de travailler, il accomplit sa mission : celle de rendre le monde
plus accessible, un pas à la fois.
Ma retraite bien méritée
Je travaillerai environ huit ans. Quand le moment sera venu, lorsque je serai fatigué ou
démotivé, je partirai à la retraite. La plus belle des récompenses ? Pouvoir rester aux côtés
de mon maître, ou sinon, rejoindre une famille aimante pour y passer des jours paisibles.