#metoo

Il y a un an, la vague #metoo se déclenche un peu partout dans le monde. Le 5 octobre 2017, l’affaire Weinstein éclate au grand jour. Ce producteur américain accusé par 93 femmes, dont plusieurs actrices, de harcèlement sexuel ou de viol. Un retentissement arrivé jusqu’en France où une onde de témoignages inonde alors les réseaux sociaux. An I après ce mouvement, quelles avancées?

L’affaire Weinstein a ébranlé la planète, elle a débouché sur le mouvement #metoo. Pour rappel, celle-ci est révélée par le New York Times. L’enquête accuse notamment Weinstein d’avoir conclu des règlements à l’amiable avec des femmes qui l’accusaient de harcèlement sexuel. Face au scandale, sa boite de production se sépare de lui. Quelques jours plus tard, un second article est publié par le New Yorker dans lequel trois femmes l’accusent de viol. Parmi les premières, des actrices se sont notamment exprimées, on compte parmi elles Rose Mcgowan. Elle explique avoir déjà parlé de son viol auparavant mais elle accuse publiquement Harvey Weinstein en octobre 2017.

Dans une interview accordée à Society en septembre dernier, l’actrice déclare : “Dès 2005, des journalistes m’ont contactée, notamment David Car, du New York Times. Mais je pensais que ce n’était pas encore le bon moment. Weinstein avait trop de pouvoir”. Le mouvement #metoo, #balancetonporc en France, naît sur les réseaux sociaux. Des millions de femmes ayant été victimes de harcèlement ou d’agressions sexuelles témoignent sous ce hashtag. Des hommes de pouvoir sont dénoncés et la justice s’en saisit. Toujours d’après Rose Mcgowan, l’évolution est notable, et elle s’en réjouit. “Il y a eu un immense changement culturel et chez beaucoup de gens, cela a provoqué une vraie réévaluation de leur propre comportement”.

En France, alors?

En France, le hashtag #balancetonporc a alors un retentissement phénoménal, des témoignages anonymes affluent. Tantôt choquants, tantôt touchants, ils révèlent des situations auxquelles sont encore confrontées les femmes aujourd’hui. Internet n’est pas le seul réceptacle de ces déclarations, des acteurs de la société civile prennent également en charge le mouvement. Juliette, co-présidente d’Osez le féminisme à Metz explique :  “Il y a un mouvement vers les associations, les gens trouvent une oreille qu’ils ne trouvent pas ailleurs. Il n’y a pas de remise en doute de leurs discours”. La prise de conscience s’effectue également à travers des manifestations et des marches organisées un peu partout en France. Suite à cela, Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, présente un « projet de loi contre les violences sexistes et sexuelles ». 

Décrié, celui-ci est pourtant approuvé par le parlement en août dernier. La version finalement adoptée est allégée, les mesures n’ayant pas fait consensus ont été supprimées. D’autres ont été retenues : l’allongement du délai de prescription de 20 à 30 ans ou encore la pénalisation du harcèlement de rue en cas de flagrant délit. Cependant les associations qui agissent sur le terrain ne sont pas convaincues par ces initiatives. Denis membre d’Osez le féminisme, conteste : “De grosses déclarations d’intentions mais pour ce qui est du nerf de la guerre, de l’argent, ça ne suit pas”. Le secrétariat d’Etat chargé de l’Egalité entre les femmes et les hommes dispose de moins d’1% du budget total de l’Etat.

Un homme condamné

La loi très discutée visant à pénaliser le harcèlement de rue a pourtant porté ses fruits. Le 5 octobre dernier, un homme de 25 ans a été condamné à 6 mois de prison ferme pour “violences sexistes”. Il est accusé d’avoir giflé une jeune femme, Marie Laguerre, en juillet dernier à Paris, en pleine rue. La vidéo de l’agression est devenue virale sur les réseaux sociaux. La jeune femme parle de “procès symbolique”, considérant que le harcèlement de rue est enfin mis en lumière et désormais punissable.

Un fléau dénoncé par 32% des femmes en France selon un sondage ifop publié en 2017. Celles-ci témoignent également davantage depuis le mouvement #balancetonporc. Les plaintes pour viol ou agression sexuelle ont augmenté respectivement de 12% et 10% en 2017 selon le ministère de l’Intérieur. En un an, des initiatives diverses et concrètes ont vues le jour. Ce fléau planétaire n’est plus tabou. Les femmes se sont appropriées la question, refusant la position de victime. Un éveil des consciences qu’il faut espérer durable.

Crédit photo : Paul Parant, AFP

Noujoud Rejbi