Crédit photo: Nadège El Ghomari

Mercredi 14 janvier, place d’Armes à Metz. Il est 18h quand une quinzaine de personnes se réunissent autour de l’artiste Nicolas Pinier suite à son  « Appel à mourir de rire ». Le but de cette performance ? Rire aux éclats comme le faisaient si bien les dessinateurs de Charlie Hebdo. Rire pour rendre hommage à la bande du journal satirique tombée sous les balles des terroristes une semaine plus tôt.

A gorge déployée, aux éclats ou à en mourir. Qu’il soit forcé ou spontané, le rire a de nombreuses vertus. Ce soir, Nicolas Pinier, artiste plasticien originaire de Lyon, prête à la rigolade une fonction d’hommage.
Il fait déjà nuit. Entre la cathédrale éclairée et la mairie, des éclats de rire brisent le silence ambiant. Timides d’abord, de plus en plus communicatifs au fil des minutes. Peu de personnes répondent présent à cet  « Appel à mourir de rire ». La plupart sont des connaissances de Nicolas Pinier. Mais peu importe, le rire est bien là, chassant, comme un mauvais esprit, le froid. La bonne humeur s’empare progressivement des participants. Ils se chamaillent, se taquinent. Le rire, pour eux, c’est d’ailleurs une seconde peau.

On se fait les abdos

Rapidement, la dernière couverture de Charlie Hebdo est au cœur des discussions. Toujours aussi insolente, elle en amuse plus d’un. Pour Nicolas Pinier, cet hommage revêt une dimension toute particulière. En tant qu’artiste il s’est senti  « visé » par cette attaque, choqué que l’on puisse tuer pour des dessins, pour de l’art.

Ils s’esclaffent car c’est bon, non seulement pour le moral, mais aussi pour le corps. Plusieurs d’entre eux parlent même de  « gymnastique ». « On se fait les abdos en riant comme cela » lance l’une des participantes. Se recueillir par le rire, un drôle de sport après une tragédie qui les a profondément touchés.

Rire. C’est peut-être la manière la plus juste de saluer une dernière fois la bande de Charlie Hebdo, dont l’insolence de son crayon lui a coûté la vie, il y a tout juste une semaine. Car le rire, c’était leur marque de fabrique, leur gagne-pain. Peut-être que de là-haut, Charb, Cabu, Wolinski, Tignous et les autres se marrent bien eux-aussi.