Les pailles sont vouées à disparaître dans la restauration

La commission européenne a présenté au printemps plusieurs mesures pour la préservation des fonds marins. Dans sa ligne de mire : les pailles en plastique, en passe d’être interdites au 1er janvier 2020. À Thionville, les bars se préparent à ce possible changement.

 

Est-ce la fin des pailles en plastique ? D’ici 2020, cet objet qui accompagne nos boissons dans les fast-foods ou nos cocktails devra sans doute disparaître de notre environnement, ou tout du moins être remplacé. Objectif, réduire considérablement la pollution des océans à l’horizon 2025, la paille étant le cinquième déchet à être le plus ramassé en mer. Selon l’association « Bas les pailles », 8.8 millions d’entre elles sont jetées chaque jour dans l’Hexagone.  À Thionville, cette possible interdiction est jugée logique par les bars de la ville, mais questionne : « il y a déjà des alternatives aux pailles, puisqu’il existe des pailles en papier. Mais le problème surtout, c’est la fabrication. Quand tu fais un cocktail, tu le sers forcément avec des pailles car il y a des glaçons » note Alexandre Bonacci.

Le gérant du Wine Not, un bar à vin situé au cœur du centre-ville n’est pas forcément touché par cette possible fin, puisqu’il ne vend qu’une quinzaine de cocktails par service en moyenne, sauf lors de soirées à thème. Il déplore toutefois un problème qui pourrait rapidement arriver pour d’autres bars : « Tu ne peux pas boire un cocktail sans une paille. Sinon on fait quoi, on arrête d’en vendre ? » 

Pailles en verre versus paille en papier

L’une des alternatives serait alors de proposer des pailles en papier. Là encore, il nuance : « Métro commence déjà à les vendre.  C’est une vraie possibilité. Mais on en revient encore à la fabrication, le papier tu le trouves où ? À moins que ce ne soit du papier recyclé. » Une vision partagée par Cyril Bonacci, patron du bar NIMBY : « avant de prendre la paille, il y aura forcément du papier pour la protéger. On en revient donc au même problème et puis, on détruit des arbres, ça me gêne. » assène-t-il.

« Les gens mordent dans les pailles, je me demande même s’ils ne les mangent pas parfois ! »

Ce dernier pense d’ailleurs à une autre solution, les pailles en verre. Elles pourraient être lavées et réutilisées.« Ce serait une bonne idée. Regardez les pipettes en chimie, elles ne se cassent pas forcément quand elles tombent sur le sol. Pour les pailles en verre, cela pourrait être pareil. » D’autant que le patron du est souvent confronté à des clients particulièrement stressés. « Les gens mordent dans les pailles, les plient ou les cassent. Je me demande même s’ils ne les mangent pas parfois ! »

Un remède ? Cyril Bonacci songe également à ce que les clients ne sirotent pas leur verre avec une paille. « Un client a-t-il forcément besoin de boire un cocktail avec une paille ? » s’interroge-t-il en se grattant la tête. Ou alors, il suggère aux clients d’avoir leur propre paille personnel. Les bars n’auraient plus alors besoin d’acheter des stocks en grande quantité chez Métro ou Promo Cash, leurs principaux fournisseurs.

Mais cette fin programmée risque de faire grincer des dents, notamment dans la restauration rapide où les boissons et canettes sont forcément accompagnées par une paille.

Thomas Bernier et Maurane Grandcolas