Huit ans après un cultissime premier opus, Red Dead Redemption fait un retour fracassant sur nos consoles. Encensé par la critique, le dernier né des studios Rockstar se place comme très grand favori à la course au « Game of the Year » (jeu de l’année).

Gros flingues, bagarres de saloons, dialogues à la Audiard et chevauchées épiques. Pas de doutes, Red Dead Redemption est bien de retour. On avait laissé la série il y a huit ans sur un final inoubliable. Il venait de conclure la sanglante quête de rédemption de John Marston, forcé de débusquer puis de livrer au gouvernement les derniers membres encore en vie de son ancien gang. On la retrouve aujourd’hui  avec un préquel, narrant au travers des yeux d’Arthur Morgan, ami et rival de John, le déclin et la fin de leur bande. Sortez vos éperons et attachez-les bien à vos santiags, parce que le moins qu’on puisse dire c’est que la balade en vaut le peine.

Des références à la pelle

Pas besoin d’avoir touché au grand frère sorti sur la génération de consoles précédente pour apprécier ce nouvel opus. Même si les références à l’illustre aîné sont légions et sauront satisfaire les fans de la première heure, elles ne perdront pas les nouveaux venus dans la franchise. Des allusions aux précédents jeux Rockstar, mais également à l’univers cinématographique. Si Red Dead premier du nom s’inspirait très largement de l’œuvre de Sergio Leone avec un John Marston à mi-chemin de l’homme sans nom et celui à l’harmonica. Le second est carrément plus « tarentinesque ». La scène d’ouverture en pleine tempête de neige est calquée sur celle des « Huit Salopards ». Tandis que l’attaque du manoir, elle, fait vraiment penser au dernier acte de « Django Unchained ».

On décèle aussi quelques clins d’œil à la littérature avec une romance impossible. Tout cela, au milieu d’une rivalité entre Capulet et Montaigu du « far west ». Rockstar oblige, on retrouve ce qui fait l’ADN de leurs jeux : une satire amère de la société étasunienne. Déportation des natifs américains, racisme, politiques corrompus, police à la solde des grands propriétaires et féminisme… Il y en a pour tous les goûts.

Un scénario solide

Comme dit précédemment, l’action prend place quelques années avant les événements du premier opus. L’occasion de retrouver de vieilles connaissances et de découvrir de nouveaux personnages, à l’image d’Arthur Morgan, gros bras et premier pistolero du très charismatique Dutch Van Der Linde. En quête de rédemption, Arthur va devoir faire face à son violent quotidien de hors-la-loi. Il devra également essayer de préserver le fragile équilibre qui unit encore une bande de marginaux tentant de survivre dans un monde où ils ne trouvent pas leur place.

Une bande dont on apprend vite à aimer, ou détester, les membres. Qu’on découvre à travers de nombreuses activités annexes allant de la partie de pêche à l’attaque de diligences.  Après quelques heures seulement, on se sent pleinement investi dans cette drôle « vie de famille », rapportant au camp vivres et butins de braquages. On trinque au coin du feu avec l’ « Uncle » et le révérend Swanson, on joue au poker avec cette crapule de Leopold Strauss ou défie au jeu du couteau la téméraire Sadie Adler. Un scénario solide et entrainant basé sur la même structure narrative que son aîné. Peu de surprises donc…

 

« Chaque homme a le droit de changer, une chance d’être pardonné », John Marston.

 

Des choix qui impactent l’expérience de jeu

Honnête homme ou dernière des crapules, à vous de choisir. La jauge d’honneur fait son grand retour. Aidez les passants dans le besoin. Payez vos primes. Désarmez vos ennemis au lieu de les tuer et vous deviendrez un homme d’honneur.  Les gens vous salueront quand ils vous croiseront et  les commerçants vous feront même quelques petites réductions. Tuez et dévalisez à tout-va, dans ce cas, vos victimes vous voueront une profonde rancune et vous ne tarderez pas à voir des chasseurs de prime à vos trousses. Vos choix auront un impact sur l’histoire, même s’il reste minime à l’instar de The Witcher III. En soi, s’ils ne modifient pas profondément l’univers, ils restent non-négligeables et permettent tout de même à chaque joueur d’avoir une expérience de jeu unique.

Un contenu titanesque

Si on devait définir Red Dead Redemption 2 en un mot ce serait : généreux. Une générosité de contenu rarement égalée et presque inépuisable, tant le monde qui est offert est vaste et varié. Une balade en forêt se transforme rapidement en chasse à l’animal légendaire, puis en visite de ruines vikings avant de se faire agresser par une bande de bandits. Il suffit de quelques secondes à une partie de poker pour la voir dégénérer en bagarre de saloon puis en course-poursuite effrénée.

De nombreux événements aléatoires viendront égayer vos longues chevauchés d’un bout à l’autre de la carte. Le gameplay parfois un peu lourd est une version très améliorée du précédent. Il vient sublimer cet univers en multipliant les façons d’interagir avec ce dernier. Seul petit point noir : la structure des missions principales qui se finissent trop souvent en de gigantesques « gun fights » au détriment de l’infiltration. On ne peut pas tout avoir…

Une technique maîtrisée

Autant le dire tout de suite, Red Dead Redemption 2 est magnifique. Régulièrement, on se retrouve à s’arrêter et pauser la manette juste pour admirer des paysages. Rarement l’immensité de la nature sauvage avait été aussi bien incarnée. Néanmoins, les textures sont parfois un peu douteuses quand on s’en approche de trop près. La modélisation des visages elle, est dans l’ensemble assez inégale. Comme GTA V avant lui, le jeu tourne étonnement bien pour une génération de consoles vers le déclin.

On déplore cependant de nombreux bugs, notamment au niveau de la physique des chevaux. Ces derniers, entraînent trop souvent des situations cocasses, qui à la longue s’avèrent plutôt agaçantes.

 

En conclusion, loin d’être parfait, Red Dead Redemption 2 s’impose tout de même comme l’un des cadors de cette génération de consoles, aux côtés des « The Witcher III » et « Zelda Breath of the Wild ». La lutte pour le « Game of the Year 2018 » avec le reboot de la série « God of War », sorti en début d’année, s’annonce très serrée. Une chose est sûre l’année 2018 nous aura gratifiée de deux grands jeux. Réjouissons-nous.

 

Note : GOTY/20

Poulain Vincent