Depuis le 14 février et jusqu’au 1er mars prochain, la place de la République à Metz accueille un mur pour que chacun puisse s’exprimer, témoigner de son attachement à la démocratie.  Une initiative citoyenne qui fait écho aux attentats de Charlie Hebdo et au mouvement du 11 janvier.

Dix mètres pour écrire. Dix mètres pour dessiner. Dix mètres pour être libre de s’exprimer. Le mur des Libertés Chéries est né dans l’esprit d’un citoyen messin, Sébastian Corolleur.

« L’idée du mur des libertés m’est venue le 11 janvier sur cette même place de la République où l’on a vraiment vécu un dimanche incroyable tous ensemble.  Un dimanche que j’ai vécu vraiment comme un antidote au 7 Janvier car je suis de la génération Cabu… La  génération club Dorothée » raconte ce steward de quarante ans.

Un « antidote », un exutoire pour défendre des valeurs chères à l’organisateur, très touché par les événements :  « Ça a été très choquant pour moi de voir qu’on est capable de tirer sur des dessinateurs simplement parce qu’ils ont des idées et qu’ils les défendent. Ce sont d’ailleurs nos idées puisque c’est la défense de liberté d’expression… ». 

Une initiative citoyenne plébiscitée et soutenue par la mairie

Au lendemain de la marche républicaine, Sébastian Corolleur  a proposé l’idée du Mur des Libertés Chéries à la mairie de Metz. Une idée immédiatement bien accueillie par la municipalité.  « C’est une manifestation complètement citoyenne, gérée par des citoyens.  La mairie nous a mis à disposition l’espace public car c’est évidemment elle qui le gère, nous a mis à disposition le mur qui est fait à partir de matériaux recyclés et nous a assuré pour que chaque personne qui vient ici soit couverte juridiquement ». 

Et du monde qui vient dessiner, écrire et discuter autour du mur,  il y en a. Selon l’organisateur, présent tous les jours de 10 h à 22 h depuis le 14 février, pas moins de mille personnes ont signé le livre d’or. Un succès progressif né du bouche à oreille. « C’est exponentiel, l’effet boule de neige est en train de bien prendre. Ça fait son chemin les gens en parlent, ils nous voient là tous les jours,  donc forcément ça questionne et comme on échange beaucoup, ça ramène du nouveau monde. On est très présent sur les réseaux sociaux…  Énormément de gens viennent grâce à ça » précise Sebastian Corolleur, une semaine après le début de la manifestation.

« Le mur est joyeux, vivant. Il nous ressemble. »

Chaque jour, le mur  est repeint en hommage aux victimes. « A midi… l’heure des attentats de Charlie Hebdo » rappelle Sébastian Corolleur. « Le repeindre tous les jours, c’est un défi commun» ajoute-il.

Mais qui vient peindre, voir, écrire sur ce mur ? « On a toutes les catégories sociales, tous les quartiers de Metz sont représentés. Beaucoup signent des noms de leurs quartiers donc ça c’est plutôt bien. On voit une véritable appropriation de cette espace de liberté au cœur de la cité. C’est l’objectif.  Le mouvement est aussi transgénérationnel »Depuis la rentrée des vacances de février,  les lycéens de Metz se sont passés le mot et viennent également s’exprimer et soutenir cette initiative citoyenne.  Les artistes de la galerie messine, La Vitrine Ephémère, partenaire de la manifestation sont également là chaque jour pour créer, à l’instar de Yann Picard.

Yann Picard de la Vitrine Ephémère dessine un dragon sur le mur des Libertés Chéries
Yann Picard de la Vitrine Ephémère dessine un dragon sur le mur des Libertés Chéries

Un succès national

Si le mur est rapidement devenu incontournable pour les messins, l’organisateur de la manifestation des Libertés Chéries souligne que son retentissement a dépassé les frontières de la ville : « Je reçois des mails de toute la France, notamment un magnifique de Toulouse qui m’a beaucoup touché. BFM TV a également réalisé un reportage de 13 minutes qu’ils ont diffusé durant deux jours ! » .

Malgré la fin imminente de l’événement le 1er mars prochain, Sébastian Corolleur voit de l’avenir dans son projet. Il est actuellement en train de négocier pour que cet espace de liberté soit accueilli place de la République, mais à Paris cette fois-ci.

Des dessins, des histoires