Qu’il neige, pleuve ou vente et malgré le poids des années, Michel Fuhrmann distribue du pain aux personnes en situation précaire. Petite particularité : c’est à vélo qu’il parcourt les rues de Metz six soirs par semaine. Lumière sur un homme au grand cœur.

Bonnet sur la tête, grosse veste rouge et gilet jaune fluo, Michel Fuhrmann est prêt. Chaque soir ce retraité de 73 ans sillonne la ville de Metz sur sa vieille bicyclette pour offrir du pain aux sans-abris, réfugiés politiques et familles en difficulté. Depuis mars, le rituel est le même. Dès 19h, Michel récupère le pain invendu dans les boulangeries, empile ce qu’il peut dans sa remorque et part à la rencontre des gens dans le besoin. Du centre-ville jusqu’à Borny il transporte 60 kilos de baguettes.

Trajet approximatif de Michel Fuhrmann chaque soir. 

Ancien ingénieur de mise en route, il a beaucoup voyagé dans le cadre de son travail. Confronté à la misère dans les pays qu’il a découverts, il a décidé de s’engager dans différentes actions humanitaires. Pendant une dizaine d’années, il a été bénévole au sein de la Banque alimentaire avant de quitter l’organisation après quelques désaccords avec la direction. Mais pas question pour lui de ne plus aider les autres. Aujourd’hui, c’est tout seul qu’il accomplit sa mission.

Ce soir il fait froid mais c’est une soirée plutôt douce selon Michel. « Il fait bon » assure-t-il en souriant. D’ailleurs, il ne regarde jamais la météo pour ne pas être découragé. Durant son périple nocturne, il profite de quelques arrêts pour collecter ou distribuer le pain et revisser les boulons de son vélo. L’occasion pour lui de témoigner et de raconter son expérience.

« Maintenant je connais les gens, je n’ai presque plus besoin d’aller vers eux, c’est eux qui viennent vers moi » confie Michel. Ses aventures ne sont néanmoins pas sans risques. Son vélo a été volé une fois et, pire encore, il s’est déjà fait frapper par une personne qu’il voulait aider.

Mais ces heurts ne le démotivent pas. Cet engagement pour les autres lui permet de « s’occuper sainement ». A l’approche des fêtes, Michel ajoute d’autres cordes à son arc. Conscient de sa barbe blanche qui lui donne l’allure du père Noël, il enfile le costume de la personnalité préférée des enfants et leur rend visite dans les écoles primaires. Que ce soit aux petits ou aux personnes dans le besoin, Michel a toujours ce même mot d’ordre en tête : donner.

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 Michel Fuhrmann aimerait bien être accompagné pendant la distribution de pain, mais « personne ne veut le faire » selon lui. 

 Marie-Lorraine Atamaniuk & Omar Belkaab