Le camp de migrants de Metz à été démantelé plusieurs fois avant de réapparaître généralement quelques centaines de mètres plus loin. Aujourd’hui, triste hasard, il est installé en face d’une déchetterie avenue de Blida, à la périphérie de la ville, non loin de l’autoroute.

photo : Elie Guckert
photo : Elie Guckert

Les enfants jouent au football ou font de la trottinette, enveloppés par l’odeur des feux de camp et du bois coupé. Si nous étions en été il pourrait s’agir d’une banale scène de camping, mais nous sommes à Metz et l’hiver commence à mordre. Les campeurs eux – environ 200 – sont des migrants, certains en procédure de demande d’asile.

« Moi je viens de Bosnie », explique dans un anglais quasi parfait un homme d’une trentaine d’années. Il parle, se fait le porte-parole improvisé de ses amis, serrés autour d’un brasero. « J’ai quitté mon pays parce que ce n’est pas un bon endroit pour vivre. On subit des violences, la situation politique est mauvaise. ». Comme lui, la plupart des migrants viennent des Balkans, mais «certains viennent de Roumanie, il y a aussi des Algériens…».

Lui est arrivé en France il y a seulement un mois et a bon espoir d’obtenir le droit d’asile. Quand on lui demande s’il est déçu de l’accueil, il fait preuve de philosophie : « C’est comme ça, on respecte les règles de la France. Au moins ici on est libres, et personne ne viens nous battre. »

7.600 logements vides à Metz.
Difficile malgré tout de faire abstraction des conditions insalubres dans lesquelles lui et ses camarades de fortune sont plongés. Ils disposent certes d’une poignée de sanitaires pour faire leur toilette et leur vaisselle, mais c’est bien loin d’être suffisant. « Pour moi ce n’est pas grave, mais ils devraient au moins offrir un endroit où dormir aux gens malades, parce que la nuit il commence à faire très froid. ». Pas de trêve hivernale pour la misère. Et certaines femmes sont enceintes.

De quoi faire les courses, avoir un peu de chaleur, et occuper les enfants. Photo : Elie Guckert
De quoi faire les courses, avoir un peu de chaleur, et occuper les enfants. Photo : Elie Guckert

Accrochée sur la grille du campement , une banderole, et peut être une ébauche de solution : « 7.600 logements vides à Metz ». La Ville de Metz est l’une des villes de France avec le plus fort taux de logements vacants. Les associations d’aide aux migrants alertent régulièrement les pouvoirs publics pour que ces logements soient réquisitionnés afin de loger ceux qui en ont le plus besoin.

La mairie nous a signalé qu’elle n’avait « aucune déclaration à faire sur le sujet ». Néanmoins, elle nous a annoncé qu’un démantèlement est prévu pour le 15 novembre prochain avant de nous renvoyer vers la préfecture qui confirme de son coté qu’une opération est bien prévue mais ne précise pas la date. « Les occupants seront mis à l’abri, il n’y aura pas la création d’un autre camp. » nous-a-t-on précisé. Personne n’a en revanche voulu nous en dire plus a propos de ces 7 600 logements vacants.

« S’il n’y a vraiment pas de places alors oui on a pas le choix on doit rester ici. Mais si il y a la possibilité d’offrir un toit aux gens et de leur permettre d’avoir une vie normale, alors ils devraient le faire. », reconnaît le jeune bosnien. Visiblement désireux de mettre tout le monde d’accord il ajoute que « ce serait mieux aussi pour la ville. Je me demande ce que pensent certains Français quand ils voient un endroit comme celui-là. »

« Je pense que ce n’est pas humain», finit-il par admettre, avant de monter sur son vélo. « Je vous laisse, je vais faire des courses » dit-il en souriant. De l’autre coté du camp d’autres hommes s’affairent à entasser des palettes et à les découper afin de renforcer leurs abris. Sans vision claire de leur avenir, les migrants du camp de Blida s’efforcent de vivre au jour-le-jour.
MàJ : Le démantèlement du camp a finalement eu lieu le 08/11 selon France 3 Lorraine. Les migrants doivent être transférés vers des lieux d’hébergements.