Avez-vous remarqué que le morceau phare de Duck Sauce, « Barbra Streisand », n’est autre qu’un réarrangement de Boney M ? Que le sulfureux rappeur Booba a repris  l’instrumentale de « Mistral gagnant » dans son titre « Pitbull »? C’est le fruit de la M.A.O, musique assistée par ordinateur. Vous pensez peut-être que cette pratique est l’apanage des grands Dj’s ?  La Boite à Musique vous prouve le contraire. La BAM prend des allures de laboratoire de musique électronique quatre fois par mois. Animée par Jérôme Pham, en charge de l’action culturelle à Metz en scènes et dans l’univers du DJing depuis 10 ans, l’initiation est ouverte à tous . Des créneaux différents sont aménagés pour les adultes et les enfants.  Nous avons décodé et testé cet atelier pour vous.   

La M.A.O, c’est pas sorcier

Interview de Jérôme Pham

Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste l’action culturelle ?

“ Le but est de développer des activités et des actions autour des spectacles afin de mieux les appréhender. Que ce soit avec la découverte de M.A.O comme ce soir, ou des rencontres avec des artistes, toujours dans un but de servir les spectacles. »

 L’implantation de la BAM à Borny a-t’elle permis d’attirer un nouveau public aux différentes actions culturelles ?

« Oui. Aux spectacles, c’est encore un peu tôt pour le dire mais on tisse des liens avec les associations et les habitants du quartier depuis maintenant deux ans. Ma mission de départ, c’est tout ce qui a trait à la préfiguration, c’est à dire travailler avec les différentes structures existantes sur place. Et  je pense qu’on s’en est plutôt bien sorti. Encore demain , on accueille l’association Bouche à oreille qui fait un gros travail dans les quartiers. Elle va venir avec des jeunes de la Cour du Languedoc pour visiter la BAM et expérimenter la M.A.O. »

 L’atelier M.A.O s’inscrit dans le cadre de l’action culturelle de la BAM. Qu’est ce que la M.A.O et pourquoi avoir mis en place cette initiation ? 

« Comme son nom l’indique, la M.A.O c’est utiliser un ordinateur pour faire de la musique. Cela peut prendre différentes formes : de la reprise de samples musicaux (échantillons de productions existantes) à la composition pure. C’est un élément incontournable de la musique actuelle. La M.A.O se démocratise quelque soit les genres. C’est quelque chose pour lequel il y a une grande demande. Pour nous, c’est une bonne porte d’entrée pour parler de musique et de composition. Cela permet aussi de joindre une dimension socio-culturelle sur l’expression de soi, se libérer et échanger avec les autres. C’est une activité qui mobilise un grand nombre de capacités. »

A quel public s’adresse t-il ? 

« L’atelier d’aujourd’hui cible davantage un public adulte. Mais dès qu’on est en âge de se servir d’un ordinateur (6 ans),  on peut découvrir la M.A.O, ne serait-ce que par des outils tels que le végétophone  de Chapelier fou dont on se sert régulièrement  pour les plus jeunes. Des musiciens chevronnés, des curieux de la M.A.O, ou encore des artistes qui veulent approfondir leurs projets, viennent également faire une initiation pour découvrir le logiciel.

Quel est l’objectif de l’atelier ? 
« Dans un premier temps, le but est de faire connaître la BAM, le lieu et ses différentes activités. Repérer de jeunes talents, travailler avec de nouvelles personnes et créer des liens entre des musiciens, comme c’est le cas ce soir. »

JEROME
Jerôme Pham, animateur de l’atelier M.A.O

 Pensez-vous qu’être musicien -ou du moins avoir des bases en musique- est une condition sine qua non pour faire de la M.A.O ?

« On peut parfaitement découvrir la musique et sa construction via la M.A.O. Même s’il est plus facile d’appréhender certaines notions en ayant déjà des connaissances de base, notamment en terme de construction. Aujourd’hui avec les tutoriels disponibles sur internet, l’aide d’amis et de forums, on peut vite trouver les réponses à nos questions. Mais évidemment, toute connaissance musicale sera bonne à prendre et exploitable. »

Et vous, qu’est-ce que ça vous apporte d’animer cet atelier ?

« J’aime beaucoup car ça permet de rencontrer un public hétérogène et de constater que composer de la musique rassemble des gens aux attentes vraiment différentes. Ce soir par exemple, on avait deux rappeurs et des musiciens issus de la scène électro. C’est toujours intéressant et enrichissant de voir leur façon de travailler et d’appréhender la musique. Parfois, les questions qu’un novice peut se poser pique mon intérêt et celui des autres. Donc, c’est toujours plaisant de travailler avec des débutants. »

Matériel utilisé lors de l’atelier M.A.O