À l’occasion de la première table ronde « L’expression de notre liberté » du festival « Littérature & Journalisme », quatre journalistes qui expérimentent chaque jour les limites de la liberté d’expression débattent autour de ce thème.

Pierre Haski, Olivier Weber, Anastasia Kirilenko et Yan Lindingre. Les quatre journalistes invités à débattre autour de Francis Kochert sur le thème « L’expression de notre liberté » se livrent tour à tour sur les entraves à la liberté d’expression des journalistes et des peuples, l’auto-censure et la place de l’humour après les attentats de janvier. Retour sur les grandes questions abordées.

Peur

« La peur est entrée dans les têtes » Pierre Haski est proche de la vérité. Après les attentats à Paris et les diverses représailles et sanctions qui ont touchées certains caricaturistes dans le monde, on est en droit de se demander si ça vaut le coup de « mourir pour un dessin« . La réponse est bien évidemment non. Mais ces derniers mois, ce non entraîne parfois des réticences à exercer pleinement son métier. « Cette idée de mourir pour un dessin n’existait pas avant. »

Yan Lindingre, rédacteur-en-chef de Fluide Glacial, dont on fête les 40 ans, est plus nuancé. « Des caricatures du prophète, il en existe depuis très longtemps. Charlie Hebdo aurait pu passer à côté de la fatwa. » Pour lui, il existe parfois « une manip’ » de ce qui est publié, qui fait que les projecteurs sont tournés vers un dessin plutôt qu’un autre.

Répression

« Dans certains pays, on peut mettre n’importe qui en prison sous couvert de délit de blasphème. » Durant ses voyages, Olivier Weber a eu le temps d’observer ces phénomènes, comme le confirme Anastasia Kirilenko, journaliste indépendante russe : « À Moscou en janvier, un militant a écopé de 30 jours de prison pour avoir arboré le message « Je suis Charlie » lors d’une manifestation. » Signe que le pays dirigé par « l’omni-président » Vladimir Poutine n’est pas le plus propice à ces libertés, il est classé 152e sur 180 du classement mondial de la liberté de la presse par Reporters sans frontières.

Retrouvez ici nos trois questions à Olivier Weber, auteur et grand-reporter :

Internet

Point positif, c’est qu’Internet permet aux populations de développer, de communiquer, et même de s’informer, en détournant la censure. Ça a été le cas pendant les contestations du Printemps arabe. C’est aussi le cas aujourd’hui en Chine : « Il existe une circulation d’information colossale, malgré la censure. Les gens arrivent à s’informer, même si l’accès reste incomplet« , explique Pierre Haski. « C’est aussi internet qui nous permet de savoir ce qu’il se passe au Moyen-Orient« , ajoute Olivier Weber.

Cela dit, internet n’est pas la réponse à tout, puisqu’il peut être utilisé « pour le meilleur comme pour le pire » rappelle Anastasia Kirilenko.

Après cette première table ronde, Abdou Semmet, Rachid Arhab et Benoît Le Corre étaient invités à débattre sur le même thème autour de Nicolas Bastuck.