Près de vingt ans après la fin des années 90, cette décennie est toujours considérée par le public comme étant « l’âge d’or » de la musique urbaine en France. Aujourd’hui, de nombreux artistes issus de la scène Hip-Hop rendent hommage à cette période à travers des titres, des clips voire des projets tout entier.

Les années 90 en France ont vu éclore le Rap, un nouveau genre musical longtemps méprisé par la sphère médiatique. Marginalisé mais pas résigné pour autant, une contre-culture s’est créée autour de l’univers Rap entremêlant des rimes percutantes à des clips provocateurs. Cela n’a pas manqué de défrayer la chronique.

Au-delà de la musique, les rappeurs ont rendu populaire une posture désinvolte s’apparentant à de la défiance envers les bonnes mœurs. Ce style vestimentaire leur étant propre a été largement repris par la culture jeune de l’époque, ce que le rappeur Orelsan n’a pas manqué de rappeler sur le titre « 1990 » sorti en 2011.

Une nostalgie sincère ou une simple stratégie commerciale ?

A l’heure où la Trap music séduit de plus en plus les rappeurs mais aussi le public en France, certains artistes font le choix de se tourner vers un modèle rétro qui a déjà fait ses preuves.

On se rappelle du collectif parisien 1995 qui prenait « le rap à la source« , tout en revendiquant un attachement particulier pour le Rap de années 90. Sonorités jazzy, jeans larges et références aux piliers de la discipline, faisaient partie intégrante de leur identité. De quoi se remémorer cette faste époque durant les années 2010.

Aujourd’hui, il n’est pas rare de voir des adolescents arborer des sweats et T-shirts des marques Champion ou Fila, qui étaient omniprésentes durant les années 90.

Un regain de nostalgie s’est donc installé d’une manière plus globale dans la société n’épargnant pas certains artistes. Ceux-ci privilégient désormais des clips rétrospectifs, et des instrumentales enregistrées en 90 battements par minutes. A l’image du rappeur Sneazzy, les clips réalisés avec un effet vintage gagnent en notoriété.

Plus récemment avec la sortie de la mixtape 1994 du rappeur Hamza, les décors d’époques dits « Old school » présents sur les clips de rap tendent à se banaliser. Cependant, il existe un réel décalage entre les sonorités utilisées lors de ce projet et les moyens visuels mis à la disposition de l’artiste. Comprenez bien que dans le années 90, l’utilisation de vocodeur* n’était pas répandu comme cela pourrait l’être aujourd’hui. A l’inverse du collectif 1995 qui s’attardait à respecter certains codes caractérisant cette décennie, le rappeur n’utilise que la partie visuelle pour l’a représenter.

A travers ce constat, on remarque que s’inspirer des années 90 est un argument marketing de poids, contribuant efficacement à la vente de disques.

Une décennie ressuscité lors de concerts

En mai 2015, un sondage Ipsos révelait que 70 % des Français estimaient que « c’était mieux avant » . Cette tendance semble se traduire également dans le milieu de la musique, où le business des « concerts hommages » n’a jamais été aussi florissant. La tournée Stars 80 en est la parfaite représentation.
Cette vague de nostalgie n’a pas échappé à la culture urbaine, qui a ressuscité le rap des années 90 dans des concerts baptisés « L’âge d’or du rap français« . D’anciennes gloires comme IAM & NTM ont également entamé une tournée nationale, afin d’entonner leurs chants les plus populaires. En plus de raviver des souvenirs lointains chez les fans, cette batterie de concerts permet également à des artistes disparus de la circulation de refaire surface sous les feux des projecteurs. De quoi voir le mythe des années 90 perdurer dans le temps.

*Synthétiseur de voix donnant un aspect électronique.