Après la proposition de loi de la sénatrice du Val-de-Marne Esther Benbassa (Europe Ecologie Les Verts), le débat récurent sur la dépénalisation du cannabis a ressurgi en France. Avec la mise en vente prochaine du Cannabis verdict, test permettant au fumeur de savoir s’il est apte à prendre le volant, le paradoxe français s’illustre d’autant plus. En France, on compte 1,2 millions de fumeurs réguliers, ce qui en fait le premier consommateur d’herbe en Europe. L’occasion de revenir sur les différentes législations ayant cours autour du globe et de demander l’opinion de l’addictologue messin Bruno Finck sur la question. Un avis tranché.

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Pour vous quels sont les dangers liés à la consommation de cannabis ?

Bruno Finck : La dépendance, en premier lieu. En plus, c’est une drogue illégale, qui est toujours illégale, donc l’usager reste passible de poursuites. Les risques sont aussi médicaux et semblent moins anodins que prévus. On peut aussi craindre des séquelles psychologiques.

Quel seraient les effets d’une légalisation ?

B.F. : C’est un débat. Mais le cannabis tue et tuera néanmoins beaucoup moins que l’alcool et le tabac réunis, qui eux sont légaux. Mais dans le même temps, quand on voit les autres pays qui ont choisis la légalisation, ça n’a pas forcément eu l’effet attendu.

Vous pouvez préciser ?

B.F. : Cela n’a pas arrêté pour autant les règlements de compte ou le trafic, ce n’était pas non plus franchement significatif. La dépénalisation, elle, est peut-être une solution. Il faudrait trouver un équilibre car je ne pense pas que criminaliser le consommateur soit utile. Celui qui consomme en toute connaissance de cause et qui ne revend pas, en tout cas. À ce niveau là, c’est clair, il faut faire quelque chose. Tout en gardant à l’esprit que le cannabis n’est pas quelque chose d’anodin. Mais la solution ne viendra pas des types qui en discutent derrière les bureaux. Il faudrait consulter les gens directement concernés par le problème. Mais ça, on n’y est pas encore.

De quel oeil voyez vous la mise en vente des tests à la manière des alcootests mais pour le cannabis ?

B.F. : On marche sur la tête ! Le cannabis reste illégal, et on met en vente des tests pour que le consommateur lambda puisse savoir s’il est sous son effet ? Ils sont complètement à côté de la plaque ! Je ne vois vraiment pas l’intérêt de mettre en vente des tests pour une drogue illégale. C’est comme si on mettait en vente des tests pour savoir si l’on est sous l’effet de l’héroïne.

Pensez-vous que cette démarche pourrait avoir comme effet de banaliser encore plus le cannabis aux yeux des gens ?

B.F. : Je pense que ces tests vont amener de la confusion dans les esprits. Ils rapporteront de l’argent à ceux qui les fabriquent, c’est tout. Si vous consommez un joint, vous pouvez en garder la trace dans votre organisme encore trois semaines après. Quelle est l’utilité de ces dispositifs du coup exactement ? Il y a la question de la fiabilité aussi. Qu’est ce qui se passerait si vous sortiez un de ces tests sur lequel vous apparaissez négatif après un contrôle positif par la police ? Et puis le consommateur qui a consommé le sait, non ? Vous croyez que ça empêchera les gens de prendre leur véhicule ? Sûrement pas !

Pour retrouver la proposition de loi de la sénatrice du Val-de-Marne Esther Benbassa, cliquez ici.

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