Quid donc de Laurent Hénart, 40 ans dans le civil, 10 de moins dans le faciès? Sur son blog, l’homme arbore une coupe Beatles ascendant Ringo Starr, qui lui donne l’air sympathique, mais qui laisse aussi, subrepticement, une impression de sérieux et d’action. Depuis, il a changé pour une coupe mi-long qui lui donne des faux airs de Laurent Delahousse et laisse, du coup, l’impression plus mitigée du gendre idéal. Sa poignée de main est franche, celle d’un politique qui va au charbon, mais son discours laisse beaucoup plus songeur.

Les questions abordées aujourd’hui avec les journalistes sont celles attendues : forces et faiblesses de la Lorraine contemporaine. Laurent Henart, détendu, reprend parfois le journaliste mais se montre globalement diplomate. Il évoque sans sourciller les sujets qui fâchent : chômage, relations avec l’Allemagne, le Bénélux, ou d’autres questions bien dans les préoccupations du Lorrain lambda comme la saturation fort pénible de l’axe routier Toul-Luxembourg … qui n’est autre que l’axe routier de pratiquement toute la région ! Laurent Henart, ou l’art d’atténuer les choses pour mieux les occulter.

Ce qu’on pourrait reprocher à Laurent Henart, c’est sa banalité dans le paysage politique français. Un peu à la manière d’un Benoit Hamon au PS, Laurent Henart est le jeune sympathique au phrasé élégant et modéré qui tire à boulets rouges, mais avec un silencieux, sur l’opposition. Il dit aimer l’intérêt de Dominique Gros pour mieux critiquer son inaction. Le PS a gaspillé de l’argent dans des projets sans intérêt, c’est un peu le gros de son message. A l’en croire, Gérard Longuet serait le messie de la région. Surprenante, Laurent, cette référence osée, quand on sait que Longuet a été le dernier président de droite de la région ! Il ne tarit pas d’éloges sur son mentor Jean-Louis Borloo, pour lequel il a travaillé sous Raffarin en 2004. Il se mouille tout de même un peu sur la fin : la région Lorraine doit investir, emprunter, pour … on ne sait pas trop quoi, et c’est bien là le problème. Mais Monsieur Henart a des idées. Il veut élargir le corridor européen qu’est la région. On n’en saura guère plus.

Laurent Henart semble être un homme politique dans la moyenne, plutôt doué. Il parle bien, d’une voix douce, taillée pour les ondes, mais il lui reste à prendre de la bouteille dans un milieu politique français pas vraiment porté sur le jeunisme. Ceci dit, il a tout de même du potentiel. Au début de la conférence, certains journalistes étaient dissipés, voire perplexes. A la fin, les regards étaient globalement tournés dans sa direction. Lui reste à exprimer ses idées et à les détailler avec un peu plus de conviction.