Racheté par la ville en 2006, le cinéma La Scala est aujourd’hui bien implanté dans le paysage Thionvillois. Dans un contexte compliqué pour le 7ème art, rencontre avec sa directrice Justine Girardi.

30% d’entrées en plus depuis 2013. Depuis sa rénovation il y a 5 ans, le cinéma de Thionville semble avoir encore de beaux jours devant lui. Alors même qu’en France, selon le CNC, la fréquentation est en baisse de 3,2% pour les onzes premiers mois de l’année 2018. Dans le Grand Est, c’est encore pire pour Justine Girardi : “Il n’y a pas un fort ancrage culturel autour du cinéma. En terme d’entrées on est un mauvais élève”. Elle compte néanmoins sur la position avantageuse de Thionville, entre frontière belge et luxembourgeoise, pour attirer le public.

Photo : Office de Tourisme de Thionville

À La Scala, le label art et essai « n’est pas un atout marketing auprès du public », explique t-elle. « Les gens peuvent le voir comme l’étiquette d’un ‘cinéma d’élite’, alors il faut sortir son épingle du jeu ». Les critères principaux du public pour choisir un cinéma sont la proximité, le duo confort/hygiène et la programmation. Pas d’excuses, les films diffusés ne sont pas un critère majeur sur les entrées. Pour la jeune femme « les exploitants d’art et essai sont juste beaucoup restés dans leurs années 70, décalés de la réalité du terrain. » L’image est donc à redorer. La stratégie de La Scala, ce sont les évènements pour chaque tranche d’âge. Ciné-gouter, Cinéma-bis, … Chacun y trouve son compte et le retour sur investissement fonctionne.

“Les cinémas n’ont pas fermés à cause du streaming”

Elle doit cependant composer avec la présence du Kinepolis, situé à cinq kilomètres. Pour Justine Girardi, le multiplex (établissement d’au moins huit salles de cinéma) n’est pas un problème. « Nous ne sommes pas en concurrence, mais plutôt complémentaires » révèle-t-elle, avant de continuer : « En France quinze films sortent chaque semaine en moyenne. Nous en diffusons huit quand Kinepolis en passe deux. »

La directrice de la Scala ne craint pas non plus la concurrence des nouvelles plateformes de diffusion de films en ligne. « Les séries et le streaming ? Ce sont d’autres types de consommations, les gens considèrent le cinéma comme une sortie. La preuve : les cinémas n’ont jamais fermé à cause de ça. »

Quentin Saby / Corentin Murat / Rémy Chanteloup

Photo à la une : Rémy Chanteloup