Noël, période de fête ? Oui mais pas pour tout le monde. Qu’ils soient gérant de restaurant, DJ, sage-femme ou chef de service dans un cinéma, tous travaillent pendant les fêtes de fin d’année. Un choix ou une obligation pour répondre aux exigences de leurs clients et aux besoins de leurs patients. 

Julie, gérante de restaurant « on a plus le choix »

Julie Toqué est gérante de deux restaurants à Metz et ouvrira comme chaque année depuis 8 ans le 25 décembre à midi, ainsi qu’au réveillon et le jour de l’an. Et ce n’est pas de guetté de coeur qu’elle le fait : « ça me fait chier profondément, mais en tant que patron on a plus le choix. » Accablée par les charges sociales et patronales, elle explique qu’elle ne peut pas se permettre de fermer en décembre et ne prend plus de vacances depuis 3 ans. Le seul bénéfice est financier, « ça nous permet de respirer, de passer les charges. » Pour Julie travailler le jour de noël, c’est “travailler comme un samedi normal” et ajoute amère « on n’a plus l’esprit de Noël. » Cette année Noël se sera à trois, avec son mari et son nouveau bébé. D’habitude, Julie « invite [ses] proches le 25 au soir » mais cette année ils ne pourront même pas se déplacer à cause du coût. « C’est la crise pour tout le monde » conclue t-elle.

Gabriel, DJ « Une nécessité » 

« Être le meilleur ne suffit pas, il faut surtout être là » affirme DJ Dirty4. Depuis plusieurs années, Gabriel fait une croix sur les fêtes de fin d’année. DJ Résident dans une discothèque depuis un an, il est programmé le 25 décembre prochain. Interdit de se louper. Pendant six heures, le DJ va mixer devant 800 personnes. « Cette soirée peut parfois être la plus importante de l’année » explique-t-il. Une fréquentation en hausse engendrée selon lui par la multiplication des familles recomposées. Aucune prime de prévue cette année, l’intérêt de la soirée n’est pas financier. Noël et nouvel an sont des dates clés dans la carrière d’un DJ. Gabriel a compris que la fidélité envers son employeur et le public est primordiale pour sa carrière. « Les gens se souviennent de ces soirées, ils retiennent ton nom ». L’année dernière, il n’a pas hésité à passer les fêtes seul dans un hôtel de Verdun. Des absences répétées que regrettent sa famille. Mais dans la planète DJ, la communication et aussi importante que le son.

 

Eva, chef de service dans un cinéma « On s’y fait »

Eva* est chef de service dans un grand cinéma de Moselle. Après 10 ans de métier, travailler pendant les fêtes de fin d’année est devenu une habitude. Pour elle Noël « c’est plus la période de l’angoisse » qu’une période festive. Elle travaillera cette année le 25 décembre et le 1er janvier. « On s’y fait, explique Eva, je ne fais même plus attention ». Au niveau du planning, les employés remplissent des grilles de choix dès octobre, mais se doivent de choisir des dates parmi le 24, 25, 26 décembre (jour férié en Moselle), 31 décembre et 1er janvier. En tant que responsable du planning, elle essaye de respecter les souhaits formulés, même si parfois ce n’est pas possible. Pourtant d’après Eva, le personnel (augmenté en nombre pour les vacances) est volontaire pour profiter de ces jours fériés payés double. En tant qu’employé dans un cinéma, « on a pas le choix » et si « on ne s’y retrouve plus, il faut partir » tranche t-elle. Côté relationnel avec ses proches, « c’est compliqué même au delà des fêtes. » Les amis qui proposaient des soirées les week-end finissent par ne plus proposer. Cette année ne devrait pas être très différente des autres pour Eva, même si la sortie de films en fin d’année, comme avatar en 2009, peut rendre la « fin d’année super difficile. »

* Le prénom a été modifié

Claire, sage femme « le travail reste passionnant »

Claire, sage-femme libérale dans la banlieue de Metz n’est jamais sereine lorsqu’elle se rend chez des amis. D’astreinte le 31 décembre prochain, cette trentenaire est pratiquement certaine de recevoir un appel sur son portable professionnel. « Une dizaine de grossesses doivent arriver à terme début janvier. » Cette année encore, les bulles des sodas remplaceront celles du champagne. S’éclipser d’une soirée, se réveiller en pleine nuit est devenu une habitude. « Entre chaque danse, je vérifie si je n’ai pas reçu un appel » explique Claire. Une contrainte acceptée par sa famille mais toujours douloureuse pour la jeune maman « ça me tue de devoir quitter ma famille. » Après dix ans dans le milieu hospitalier, cette sage-femme travaille depuis deux ans dans un cabinet. Avec sa collègue, elle assiste en moyenne 140 naissances par an. 2013 est une année particulière, pour la première fois en douze ans, cette mère de deux enfants va pouvoir passer Noël à la maison, sans craindre d’être dérangée. Malgré les contraintes, ce travail reste passionnant. « Pendant 9 mois, on tisse une relation privilégiée avec nos patientes, l’accouchement est toujours vecteur d’émotions intenses. » Les futures mamans sont reconnaissantes de ce dévouement. « Nos patientes se rendent compte de notre disponibilité, ça les touche. » Travailler pendant les fêtes comporte de bons côtés, confie Claire, En cette période de générosité, la sage-femme se voient offrir des boîtes de chocolat et du champagne… histoire de bien commencer la nouvelle année.